Quelque part entre le P2P et une bibliothèque publique...
Depuis avril 2003, Mike Benham, 22 ans, expérimente à San Francisco un système d’échange de livres et de films en ligne : le Distributed Library Project (DLP). Tous les habitants de San Francisco peuvent y participer. Le principe est simple : en s’inscrivant sur le site, chaque nouvel adhérent liste les oeuvres qu’il accepte de prêter aux autres. En échange, il accède à la base de données de cette communauté. S’il cherche un titre précis, il peut facilement vérifier en ligne si l’un des membres le possède et s’il est d’accord pour le prêter. L’échange repose sur la confiance et sur un système de notes attribuées par les prêteurs. Fin août, le DLP recensait 192 membres, 1899 livres et 58 vidéos.
"Mais DLP n’est pas juste un système pour avoir des bouquins, c’est aussi une manière de découvrir de nouveaux livres, en rencontrant des gens qui partagent nos goûts et intérêts", précise Mike Benham, progammeur de son état, partisan du logiciel libre et adepte du travail "en amateur" pendant ses heures de loisir. Ainsi, le site permet d’effectuer des requêtes plus poussées que la simple recherche d’une oeuvre par son titre. Par exemple, de repérer les personnes avec qui l’on a en commun un ou plusieurs livres ou de créer des listes thématiques. Les internautes qui le souhaitent peuvent aussi publier en ligne leur propres critiques.
"Echapper à la logique de consommation"
Comme l’explique Mike Benham, "les Américains travaillent plus de 40 heures par semaine et passent leur temps libre à consommer ce qu’on leur donne. Regarder la télé, manger Mac Donald’s, aller au cinéma ? En créant cette communauté, nous pouvons échapper à cette logique de consommation et inventer notre propre réalité".
Si Mike Benham a lancé le Distributed Library Project tout seul, il ne s’imagine pas pour autant en propriétaire. "Le projet doit fonctionner par lui-même", dit-il. Un objectif qui ne semble pas utopique : seulement 5 mois après le lancement du site, des programmeurs, adhérents à la communauté, réparent gracieusement les bugs du système et imaginent de nouveaux dispositifs.
Récemment, le DLP a pris des couleurs internationales. Plusieurs personnes ont récupéré le concept pour l’installer dans leur ville. Pour l’instant, Mike Benham a entendu parler de projets similaires à Dublin, Chicago, Londres, Hawaï, Indianapolis, New Orléans et Edinburgh. À quand un DLP français ?
Le site du Distributed Library Project:
http://www.communitybooks.org