9/03/2000 • 18h13
A Propos
Les beaufs sont de retour. Ils sont jeunes, souvent. Ils portent la cravate avec un sérieux de notaire, le costard avec arrogance, et vont dans des soirées branchées avec leur business plan sous le coude...
Ils sont les nouveaux beaufs. ...coutez-les, c’est stupéfiant : ils ne veulent pas développer de la valeur, souder une équipe autour d’un projet commun, ce qui serait très respectable, ils veulent "lever 15 millions". Pour quoi faire ? Pour "booster le dév’ européen et international sur un modèle B to B extensible B to C, avec un input win-win sur le Wap, avec une IPO dans les deux ans"... Le modèle économique de leur projet ? Comment vont-ils, même à terme, gagner leur vie ? "C’est le point faible du business plan, je sais... Mais quand on aura trouvé les 15 millions, on pourra mettre en place une équipe pour remédier à ce problème." Ça, c’est le nouveau beauf de type 1. La base. On se croirait de retour dans les années Tapie.
Il y a deux autres types de beaufs. D’abord celui qui file les 15 millions sur un projet aussi peu travaillé, juste parce que "c’est l’Internet, il faut y être, il faut investir. On verra bien après, et puis on pourra toujours récupérer ses billes lors de l’introduction en bourse...". Objectif double : gogo et pognon. Ensuite, il y a celui qui applaudit le beauf de base sur le thème : "il a raison, s’il y a des cons pour financer..." ...poque Tapie puissance 10.
Les fondateurs d’Internet parlaient d’échanges, de communauté, de communication. Ils ont dû être surpris par son développement incroyable, et par l’invasion du commerce, mais c’était finalement logique dans notre économie de marché. D’autant que certains ont développé de belles marques, de belles entreprises, de beaux projets Internet. La folie "beauf" d’aujourd’hui, activée par des gens qui, pour la plupart, n’avaient rien compris au Net il y a huit mois, est à pleurer.
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