Le canton de Genève a décidé de proposer à tous ses citoyens de voter par Internet aux élections locales. Avec un numéro d’électeur à découvrir comme sur un ticket de loto.
Les électeurs du canton de Genève se verront bientôt proposer de voter par Internet. Le gouvernement local - le Conseil d’...tat - a ratifié le 21 mars un projet visant à généraliser le vote électronique. Les premiers e-scrutins devraient avoir lieu vers la fin de l’année ou au début 2002. En attendant, des collégiens testeront le système développé par Hewlett Packard avec Wisekey, une société genevoise chargée de la certification. Le Cern, prestigieux centre de recherche genevois, sera chargé d’une expertise sur la sécurité du projet. Entretien avec Daniel Brunner, responsable de la communication à la chancellerie genevoise.
Qui sera concerné par les premières élections en ligne ?
Les électeurs des 46 communes du canton de Genève pourront voter. Seulement pour des scrutins au niveau local ou régional car le système, même s’il intéresse la confédération, ne sera pas appliqué au niveau fédéral. Par ailleurs, le vote en ligne concernera aussi bien les élections, c’est-à-dire le choix de nos représentants, que les votations, puisque les Suisses doivent fréquemment se prononcer sur des choix précis qui concernent la cité ou le canton.
C’est une des raisons pour lesquelles vous pensez que le système peut rencontrer leur adhésion ?
Tout à fait. En moyenne, les électeurs doivent voter entre six et huit fois par an.
Concrètement, comment votera-t-on en ligne ?
Traditionnellement, les électeurs du canton reçoivent par la poste leur matériel électoral. Cette fois-ci, la carte de vote mentionnera un numéro camouflé. L’électeur devra gratter la zone, exactement comme sur les tickets de loterie, pour découvrir le numéro qu’il entrera sur le site de l’élection.
Il faudra voter le jour même du scrutin ?
Non. Il pourra le faire dès la réception de la carte, soit environ 15 jours avant le vote. C’est déjà le cas avec le vote par correspondance, utilisé par 92 % des Genevois lors des dernières votations. On ne peut pas recréer sur Internet un système aussi contraignant que les urnes.
Comment allez-vous contrôler la légalité du scrutin ?
C’est encore à l’étude. En gros, la chancellerie nommera des experts qui vérifieront avec des moyens informatiques que le vote se déroule correctement. Par ailleurs, des ordinateurs installés dans les bureaux de vote permettront de vérifier que les électeurs n’ont pas déjà voté par Internet, s’ils présentent une carte d’électeur où le numéro destiné au Net a été gratté par négligence ou curiosité.
Si l’on peut déjà voter par correspondance, en quoi le vote par Internet est-il un progrès ?
Souvent, les gens ne votent pas parce qu’il fait beau, qu’ils ont la flemme. Alors, le vote par Internet est un moyen supplémentaire mis à leur disposition pour qu’ils puissent s’exprimer.
Bientôt ils auront la flemme de cliquer...
Alors là, je ne peux plus rien pour eux !... Mais nous nous appuyons aussi sur les études issues du dernier recensement pour lequel les Suisses pouvaient répondre sur Internet. 5 % d’entre eux l’ont fait. C’est déjà beaucoup. Enfin, ce projet est le fruit de la volonté politique du chancelier qui souhaite faire de Genève un canton à la pointe en matière de cyber-administration.
Des projets de vote en ligne sont-ils à l’étude dans d’autres cantons ?
À ma connaissance, quatre cantons ont lancé une réflexion sur ce thème.