2 millions de personnes fichées, pour des taux d’élucidation "remarquables". Un sans-faute ?
Dans un communiqué publié 15 juillet, le ministère britannique de l’Intérieur se félicite de l’efficacité de sa base de données ADN mise en place en 1995, qui contient déjà les échantillons corporels de 2 millions de citoyens.
Selon le Home office, 21 000 personnes ont pu être identifiées grâce à ces données ADN dans le cadre d’enquêtes criminelles en 2002, contre environ 7900 en 2000. Le taux d’élucidation des enquêtes dans lesquelles un échantillon d’ADN est disponible atteint 37 %, contre 24 % pour l’ensemble des enquêtes. Ce taux d’élucidation correspond à une instruction bouclée, avec un ou plusieurs suspects inculpés : il ne signifie pas nécessairement que ces derniers ont été ensuites reconnus coupables.
Dans le cas des cambriolages, l’écart est encore plus spectaculaire, avec 48 % d’élucidations quand une preuve ADN est disponible, contre seulement 14 % dans le cas général (70 % des cambrioleurs interpellés finissent par être condamnés). Un chiffre qui ne laissera indifférent ni les assureurs ni les propriétaires de grosses cylindrées.
Pas de statistiques sur les erreurs
"En tant que preuve judiciaire, l’ADN a révolutionné le combat contre le crime", se félicite Hazel Blears, ministre de la Police. Le Home Office cite l’exemple d’un certain John Wood, arrêté en 2001 pour avoir dérobé pour 14 euros de marchandises dans une épicerie, qui s’est avéré être coupable de deux agressions sexuelles sur mineures en 1988.
La base de données ADN britannique s’enrichit très rapidement d’année en année, avec 405 000 nouveaux échantillons intégrés en 2002-2003. 180 000 ont été recueillis directement sur des scènes de crime.
Le Home Office ne fournit toutefois aucune statistique sur d’éventuelles erreurs commises lors du prélèvement, de la saisie ou du recoupement des données ADN. Aux Etats-Unis, de nombreuses erreurs judiciaires, dûes à des utilisations malencontreuses, voire malveillantes, de données ADN, ont pu être démontrées (lire notre article).
Par rapport à la Grande-Bretagne, le développement du fichage en France en est à un stade embryonnaire. Le Fichier national automatisé d’empreintes génétiques (le FNAEG) a été créé par la loi du 17 juin 1998, mais n’est réellement opérationnel que depuis l’an dernier. Il compterait près d’un millier d’individus fichés. Le recours au fichage est censé être limité aux crimes sexuels, aux crimes de sang et aux affaires de terrorisme.
Le communiqué du Home Office (pdf, 373 ko):
http://www.homeoffice.gov.uk/docs2/...
Fichage génétique: le FBI accumule les bévues (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8688
Le Royaume-Uni songe à ficher l’ADN de ses bébés (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9040
Le fichier policier ADN de sa gracieuse Majesté est avancé (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a5040