Planetebleue.info, "portail alternatif sur l’eau", vient d’être lancé à l’occasion du G8 d’Evian. Animé par une poignée de bénévoles spécialistes de l’eau, ce nouveau site veut être une source d’information indépendante sur la "menace" que représente selon ses auteurs la privatisation du marché mondial de l’eau potable.
Avec un regard critique très proche des thèses "altermondialistes", planetebleue.info publie chaque jour sujets d’actualité, analyses et tribunes libres rendant compte de l’évolution du marché de l’eau dans le monde. Le site ne dépend d’aucune entreprise ou association. Ouvert aux contributions extérieures, Planetebleue devrait dans les prochaines semaines proposer une newsletter bi-mensuelle.
"Massalia" est la principale animatrice du site (cette journaliste professionnelle préfère que son activité bénévole pour planetebleue.info demeure anonyme). Elle explique : "L’un des objectifs de planetebleue.info consiste à fournir des informations démontrant que la privatisation de l’eau nuit aux populations."
"Paravent"
95 % des eaux douces de la planète restent aujourd’hui gérées par des sociétés publiques. Les pays riches, la France en tête, usent de leur poids auprès des institutions en charge du commerce international afin de déréguler un marché gigantesque qui commence à peine à s’ouvrir. La Banque Mondiale, par exemple, fait de plus en plus souvent de la privatisation de l’eau une condition nécessaire à l’octroi de crédits ou d’aides au désendettement des pays pauvres.
"Au cours du G8 d’Evian, le président Chirac a insisté sur l’objectif de fournir de l’eau potable au tiers de l’humanité qui n’y a pas ou peu accès, comente Massalia. Cet objectif (qui n’est accompagné d’aucun engagement chiffré, Ndlr) n’est qu’un paravent. Le vrai but consiste à imposer le ’modèle français’ de l’eau aux pays pauvres : un modèle dans lequel les collectivités locales sous-traitent le service de l’eau aux grands groupes privés." Avec Suez-Lyonnaise des Eaux, Veolia (ex- Vivendi-Environnement) et Bouygues, la France (dont 80 % de l’eau est privatisée) dispose des trois principaux leaders mondiaux du marché.
Planetebleue.info résume la thèse centrale que le site entend soutenir : "Les grandes compagnies internationales se concentrent presque entièrement sur l’approvisionnement des grandes métropoles. ( ?) (Faute d’une rentabilité suffisante), les adductions en milieu rural tout comme le secteur des eaux usées ne les intéressent pas."
Plus loin dans cette présentation de la ligne éditoriale du site, on peut lire : "La privatisation a pour conséquence l’augmentation des prix, qui pénalise les plus démunis, mettant en danger leur accès à l’eau potable." Le texte conclut : "La privatisation est loin d’être une solution aux grands problèmes liés à l’eau, car elle ne propose aucune solution, ni pour l’évacuation des eaux usées en milieu urbain, ni pour l’approvisionnement en eau potable pour tous."
Aujourd’hui, 1,4 milliard d’humains n’ont pas accès à l’eau potable. Selon les prévisions des Nations Unies et de l’Unesco, ce chiffre pourrait atteindre 2,5 milliards en 2025, soit le tiers de l’humanité.
Planetebleue.info:
http://www.planetebleue.info
Le rapport de l’Unesco sur "la mise en valeur de l’eau dans le monde" (2003):
http://www.unesco.org/water/wwap/ww...