Manif à Linux Expo qui a fermé ses portes vendredi 1er février à Paris :une petite cinquantaine de militants a organisé un sit-in pour attirer l’attention du public et du gouvernement sur les problèmes posés par le brevetage des logiciels.
Le jeudi 31 janvier 2002, à 17 heures, une petite cinquantaine de personnes font masse à l’entrée de Linux expo. Une quinzaine d’entre eux se sont couchés sous une banderole qui dit pourquoi : « Humanité paralysée par les brevets logiciels ». Qui sont-ils ? Des membres de l’APRIL, de l’AFUL (Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres) et bon nombre de programmeurs en colère. Que veulent-ils ? « Nous demandons aujourd’hui, de façon urgente, que les gouvernements exercent leur pouvoir sur l’Office Européen des Brevets qui autorise les brevets logiciels sans choix démocratique légitime, sans débat public ", explique Jean Paul Smets, gérant de la jeune société Nexedi, et membre de l’AFUL.
"Du jour au lendemain, on peut me faire un procès pour contrefaçon si les logiciels sont brevetés.Parce que certaines parties de ceux que j’écris, les bases de données par exemple, feront l’objet d’un brevet » précise, de son côté, un dirigeant d’entreprise qui conçoit des programmes de gestion basés sur des logiciels libres.
Tout aussi inquiet, Pierre Jarillon, membre de l’ABUL, évoque les pays du Sud : « Pour les africains le brevetage des logiciels signifierait l’interdiction d’entreprendre dans le monde du logiciel. Depuis 1995, de nombreux informaticiens africains créent des programmes qui ne sont pas périmés, grâce à Linux et au logiciel libre. Ils ne sont plus réduits à faire tourner leurs applications sous Windows 3.11 parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’argent pour se doter d’outils de programmation plus récents. Le brevetage du logiciel les ferait revenir 5 ans en arrière. »
Les gros à l’entrée
Hormi l’événement protestataire, ce salon ressemblait à tous ceux consacrés aux logiciels libres. Si ce n’est le flot de visiteurs, qui grossit un peu plus à chaque édition. Linux Epo, qui a fermé ses portes vendredi 1er février à Paris, n’a pas dérogé à la règle. A l’entrée du CNIT, les « gros » : IBM, Hewlett Packard ou Borland accueillaient leurs clients potentiels sur de grands stands propres et bien rangés. C’était plutôt au fond de la salle, chez les petits, que ça se passait : c’est là que des hordes de programmeurs enthousiastes sont venus échanger informations, idées ou propositions de collaboration. Dans la dernière rangée du salon, les stands des associations comme l’APRIL (l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre), Parinux ou l’ABUL (l’Association bordelaise des utilisateurs de Linux) n’ont pas désempli. Jusqu’à assurer le spectacle d’une manif qui a peu dépassé l’enceinte du salon.