1er/08/2001 • 19h27
Dossier sexe - John B. Root, l’esthète déçu
archmag16
« On vit vraiment dans une économie de peaux de saucissons », constate Jean Guilloré, alias John B. Root, producteur X célèbre (au moins auprès des abonnés de Canal+). L’ex-journaliste, quadra fluet, les yeux curieux qui roulent comme des billes, palabre les pieds croisés sur le bureau. En fond d’écran sur son PC, une fille s’active avec un godemiché. « Avec 5 000 visiteurs uniques par jour sur le site, on gagne 45 000 francs par mois. Juste de quoi payer les salaires et couvrir les frais techniques. Après, il faut revendre la vidéo à la télé hertzienne, par câble, par satellite, en cassettes. » Ça le désole, cet aristocrate du X, cet amoureux du travail bien fait : sur le Net, ceux qui gagnent de l’argent font de l’abattage hardcore dans les pays de l’Est et inondent le marché d’images déjà vues. Un esthète comme lui, qui paie ses actrices, entre 800 et 2 500 francs la séance, doit brader ses films aux chaînes de télé (« 175 000 francs contre 800 000 francs pour le moindre documentaire ! ») et faire une croix sur les programmes d’aide à la production. Il n’y a plus de débouchés cinéma depuis que la dernière salle X a fermé ses portes. « On devait monter une grosse opération avec une chaîne. Notre dossier à 15 millions de francs a été refusé par quatre banques ! » Finalement, l’opération a capoté à cause de la frilosité des financiers, et JBR Media est revenu de 32 salariés à sa taille originelle de cinq permanents. John B. Root va s’en remettre à un partenariat avec un webmaster pour licencier son contenu. « J’ai été très déçu. Moi qui pensais qu’Internet était un espace d’expérimentation. En fait, il faut être un industriel pour en vivre. »
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