Une page du site de l’ex-président péruvien, réfugié au Japon, pourrait constituer une preuve de sa nationalité. Selon les autorités de Lima, il serait donc susceptible d’être extradé.
"Mes chers compatriotes". Publiés sur la page web d’Alberto Fujimori, ces quelques mots anodins suffiront peut-être à expédier en prison le président péruvien destitué pour corruption. Réfugié au Japon, Fujimori ne peut, pour l’heure, être extradé puisque sa nationalité japonaise a été reconnue par Tokyo. Mais cette impunité pourrait être remise en question. Comme l’explique le quotidien espagnol El Pais, le gouvernement de Lima chercherait à prouver que Fujimori se considère lui-même citoyen du Pérou puisqu’il s’adresse dans son site à des "compatriotes" péruviens. C’est en tout cas le sens des déclarations du Diego Garcia Sayan, le ministre des Affaires étrangères péruvien. Quant à Alejandro Toledo, l’actuel président péruvien, il a jugé la découverte de cette formule "non anecdotique".
"Les yeux du Chinois"
Sur son site, Fujimori répond aux critiques et défend son bilan. Ainsi insiste-t-il sur ce qu’il considère comme les succès de son mandat : une économie "assainie", l’accord de paix signé avec l’...quateur, ou encore la prévention du phénomène climatique "El Nino". Mais Fujimori va plus loin : il se pose en donneur de leçons politiques pour les actuels gouvernants péruviens. Par exemple, il vient de lancer, sur son site, une nouvelle chronique intitulée "Les yeux du Chinois" ( son surnom pour les péruviens), dans laquelle il entend bien décliner sa conception d’un vrai chef d’...tat. Lundi 6 août, il dénonçait ainsi le laxisme du gouvernement face au récent tremblement de terre survenu dans le sud du pays. Ironique, il lance aussi un "dictionnaire civique" qui dénonce le double discours des autorités, qui souhaitent se venger de lui à l’aide de prétextes juridiques, et les persécutions dont il se dit victime. Enfin, Fujimori relève, avec application, les promesses de campagne non tenues par le président actuel, Alejandro Toledo.
Mandat d’arrêt international
ºô- ?es initiatives, la pression augmente sur l’ex-président. Depuis le 31 juillet, des citoyens péruviens ont eux aussi créé un site qui a pour seul objectif l’extradition de Fujimori. Pour cela, le site soumet différents articles qui prouvent que la nationalité japonaise a été artificiellement réclamée afin d’échapper à la justice péruvienne. Un texte du quotidien péruvien La Republica cite une note diplomatique de 1937 montrant que l’ancien président est légalement péruvien de naissance et qu’il ne pouvait pas obtenir la nationalité japonaise à l’aide du "Jus Sanguinis", c’est-à-dire comme fils de japonais né dans un autre pays. Ce document indique aussi que Fujimori a menti sur le jour de sa naissance. Mis en cause dans une affaire de corruption (celle des avions Mig 29), le "Chinois" est la cible de plusieurs autres attaques juridiques. Le 2 août, un magistrat péruvien a lancé un mandat d’arrêt international pour "abandon de fonction" contre l’ancien président. En voulant répondre à ces attaques, Fujimori a peut-être scié lui-même sa planche de survie.
Le ministère des Affaires étrangères péruvien:
http://www.rree.gob.pe/domino/nsf/r...
Site à la gloire du président péruvien:
http://www.fujimorialbertocom
L’enquête de
La Republica:
http://www3.larepublica.com.pe/2001...
Site pour l’extradition du président Fujimori:
http://www.devuelvanafujimori.com/i...
L’article de
El Pais:
http://www.elpais.es/articulo.html?...