Le gouvernement de la ville-état a décidé de contrôler les prises de positions politiques sur Internet, en prétextant vouloir garantir la qualité des informations.
"L’Internet a un grand potentiel, mais il a aussi ses dangers." C’est ainsi que Lee Hsien Loong, le vice-Premier ministre de Singapour, a justifié les nouvelles mesures prises par le gouvernement pour régir la liberté d’expression. Dorénavant, tout contenu politique publié dans la presse ou sur le Web sera examiné par le Singapore Broadcasting Authority (SBA), instance de régulation de l’audiovisuel crée en 1994. Ainsi, selon le journal anglais The Guardian, tout communiqué lié à une élection ou à un débat politique national devra comporter le nom de l’auteur et du producteur de l’annonce, sous peine d’une peine de prison d’un an. Le parti au pouvoir, qui détient 81 des 83 sièges au Parlement, n’a jamais aimé le Web. Dès 1996, Singapour affirmait déjà, au sein de l’ASEAN (Association des pays d’Asie du sud-est), sa volonté de défendre les "valeurs asiatiques" en fermant le pays aux influences étrangères. Récemment, le SBA réaffirmait que tout contenu contrevenant à "l’intérêt public, à la moralité et à l’ordre public, à la sécurité ou à l’harmonie nationale" devait être prohibé. D’où la mise sous tutelle des fournisseurs d’accès qui ne sont autorisés que s’ils respectent les mesures de filtrage établies par le gouvernement.
Ennemi intérieur
Aujourd’hui, la nouvelle législation vise donc à museler l’ennemi intérieur, pardon, à permettre à l’internaute de distinguer "information" et "désinformation", selon Lee Hsien Loong. Curieusement, le Parti Démocratique de Singapour(PDS), parti d’opposition, estime qu’une régulation face à l’Internet est légitime, puisqu’un nombre croissant d’habitants de Singapour (30 %) est maintenant connecté. Mais avec la mise au pas d’Internet, le PDS perd un instrument essentiel pour diffuser ses idées dans un pays où la presse est déjà sévèrement contrôlée.