Le Pentagone étudie un avion militaire capable d’aller dans l’espace et de frapper n’importe quelle cible sur la planète en une demi-heure. Au risque de militariser l’espace.
Un bombardier capable de frapper n’importe quel point de la planète en une demi-heure. Voilà ce sur quoi s’apprête à plancher le Pentagone. Cet avion militaire spatial serait capable de s’élever jusqu’en orbite basse et d’en lancer des missiles sur des cibles situées n’importe où sur la Terre. C’est un article du Los Angeles Times qui révèle que Donald H. Rumsfeld, le secrétaire américain de la Défense, demande au Pentagone d’effectuer des recherches en ce sens. Donald H. Rumsfeld affirme vouloir moderniser des forces militaires délaissées par l’administration Clinton.
Mach 25
Des recherches ont déjà été effectuées par la Nasa et l’avionneur Lockheed Martin pour créer le X-33 Venture Star, un avion spatial de transport de passagers. Mais le projet a buté, en mars dernier, sur des problèmes techniques et financiers, alors que six milliards de francs avaient déjà été investis. Un général de l’Air Force, pressenti pour le poste de chef d’état-major, a depuis exprimé le souhait que l’Air Force reprenne le projet abandonné. Chaque exemplaire coûterait plus de dix milliards de francs. Le bombardier envisagé reprendrait donc la technologie du X-33. Il pourrait s’élever à une altitude de 100 kilomètres, dix fois plus haut que les bombardiers américains actuels, à l’abri de la défense anti-aérienne traditionnelle. Voyageant par l’orbite basse à plus de 25 fois la vitesse du son, il pourrait lâcher des bombes de précision. La vélocité de ces bombes lorsqu’elles toucheraient le sol serait telle qu’elles n’auraient pas besoin de têtes explosives. Elles seraient capables de percer les bunkers "à la Saddam" qui servent de centres de commandement aux armées ennemies. Des bombardiers traditionnels pourraient ensuite profiter de la confusion provoquée par cette attaque des centres nerveux.
Déclin des bases terrestres
Pourquoi l’Amérique veut-elle lancer un bombardier dans l’espace ? Outre l’intérêt tactique évident lors des conflits, le projet s’inscrit dans la stratégie consistant à transformer les ...tats-Unis en forteresse. L’avenir du réseau mondial de bases militaires américaines est remis en question. Vendredi 27 juillet, le Pentagone a annoncé qu’il espérait obtenir du Congrès l’autorisation d’en fermer davantage. Les terrains sont chers, les pays d’accueil sont réticents et les bases elles-mêmes sont vulnérables aux attaques ennemies. L’Amérique de George W. Bush ne veut pas risquer ses fils au combat à l’étranger. Solution : détruire les ennemis de loin. Du coup, surgit toute une panoplie de projets grandioses. La marine de guerre américaine réfléchit à un projet de base flottante d’un kilomètre de long. On travaille à des armes nouvelles comme ce bombardier spatial ou, peut-être, des torpilles à supercavitation capables de se déplacer sous l’eau plus vite que le son. Si la Nasa est incapable de payer sa part dans la Station spatiale internationale, le Pentagone, lui, semble explorer toutes les possibilités qu’offre l’espace.
Militarisation de l’espace ?
Le Los Angeles Times rapporte que des officiels du Pentagone insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un projet de militarisation de l’espace, parce que le bombardier ne viserait que des cibles terrestres et qu’il n’effectuerait pas une orbite complète de la planète. Mais il est possible que le bombardier envisagé soit adapté pour devenir capable de détruire des satellites utilisés par une nation ennemie. D’autant plus que le projet d’écran de défense anti-missile (Missile Defence Screen) laisse présager la création de satellites anti-missiles. Le Guardian Unlimited Observer rapporte que les ambassades américaines ont reçu l’instruction d’informer leurs pays d’accueil que les ...tats-Unis vont tester des intercepteurs de missiles pas uniquement basés sur terre. De tels tests violeraient le traité ABM de 1972. Les gouvernements chinois et russes ont manifesté leur opposition nette à la "militarisation de l’espace". Les puissances spatiales rechignent pour l’heure à se lancer dans une course aux armements dont elles n’ont pas les moyens. En Europe, et particulièrement dans les pays nordiques, c’est aussi une opposition de principe pour ceux qui estiment que l’espace ne doit pas devenir un nouveau terrain de bataille, et redoutent la remise en cause du traité onusien de 1967 excluant la nucléarisation de l’espace à des fins militaires. Or, le bombardier spatial évoqué par Donald H. Rumsfeld peut constituer un premier pas vers cela.
L’article du
Los Angeles Times:
http://www.latimes.com/news/printed...
L’article du
Guardian Unlimited Observer:
http://www.observer.co.uk/internati...
Le site du ministère américain de la Défense:
http://www.defenselink.mil