Il a démissionné à contre-cœur d’AlloCiné, en février dernier. Jean-David Blanc,libre parleur, concocte un nouveau projet. Toujours dans le cinéma ?
Pour Jean-David Blanc, l’aventure d’AlloCiné est une histoire de précurseurs : « Pour moi, il fallait proposer un service gratuit, raconte-t-il. Pour Patrick Holtzman [l’autre fondateur de la boîte, NDLR], la rémunération viendrait de la publicité : le serveur téléphonique d’AlloCiné, ouvert en 1993, inventait tout simplement le modèle économique qui allait prévaloir sur Internet quelques années plus tard. » Lorsque, en juin 1996, Atlas Ventures investit cinq millions de francs dans AlloCiné, c’est l’une des toutes premières levées de fonds du capital-risque en France. « Nous avons été les premiers à proposer la vente en ligne (et pas seulement des bons de commande), les premiers à instaurer un service de newsletters, les premiers à ouvrir des forums de discussions pour les spectateurs, parmi les premiers à proposer de la vidéo sur le Net et les premiers à développer une application pour Palm Pilot », complète-t-il. Bref, une vraie success-story... À part que Jean-David Blanc et Patrick Holtzman ont annoncé leur démission, en février dernier.
Pas d’engueulade
« Je n’avais pas envie de partir : c’est comme de voir son enfant quitter le foyer », raconte calmement Jean-David Blanc, 32 ans. L’histoire est somme toute classique. En février 2000, CanalNumedia, filiale du groupe Canal+, entre au capital d’AlloCiné, puis étend sa participation de 25 % à 75 % du capital, dès octobre 2000. « Le contrat moral initial était de ne pas toucher à AlloCiné en terme d’autonomie », rappelle Jean-David. Mais CanalNumedia revoit sa stratégie à l’occasion d’un changement de direction : Jean-David Blanc et Patrick Holtzman choisissent de partir et cèdent les 25 % qu’ils détiennent encore dans AlloCiné, réalisant au passage une belle opération financière – dont le montant est toutefois confidentiel.
« Notre départ intervient au minimum six mois trop tôt. AlloCiné a connu une croissance formidable en 2000 et j’aurais aimé en voir les fruits et gérer la consolidation, notamment du point de vue technique. Les gens qui reprennent les rênes n’ont pas forcément les compétences requises pour faire ce travail », regrette Jean-David Blanc.
Sa liberté de parole est surprenante, quand d’autres créateurs de start-ups, écartés de leur propre entreprise, taisent les vraies conditions de leur départ. « En cédant 75 % d’AlloCiné, nous prenions un risque et avions donc prévu des clauses de cession de nos parts en cas de discorde. Être certains de réaliser notre patrimoine nous a donc permis de dire ce que nous pensions », explique-t-il. Il n’a pas renié ses convictions, mais n’entend pas régler de comptes par presse interposée. Denis Olivennes, qui mène tambour battant la réorganisation du groupe Canal+ ? « Il fait un ménage nécessaire chez Canal » assure-t-il. Tout juste lâche-t-il « qu’à trop vouloir nettoyer, ça finit par faire des taches ». Philippe Bismuth, le nouveau PDG de CanalNumedia ? « Je ne m’engueule avec personne, moi », répète Jean-David Blanc. Sans doute préfère-t-il également ménager des personnes avec qui il pourrait être amené à retravailler dans le cadre de futurs projets.
Avec Patrick Holtzman, ils ont déjà loué des bureaux qu’ils investiront après de courtes vacances. Pour l’instant, ils ne dévoilent rien sur leurs intentions. Jean-David Blanc a rencontré Jean-Marie Messier, dont il « admire le pari audacieux » et « partage la vision ». Il n’est donc pas exclu que les deux fondateurs d’AlloCiné s’associent à Vivendi Universal pour leurs prochaines aventures. Ils feront une annonce en juin, « après le Festival de Cannes ». Encore un projet dans l’univers du cinéma ? « C’est juste pour donner une date », élude Jean-David Blanc.
Dossier : Que sont devenues les stars des start-ups ?
Oriane Garcia,
elle habille son chien en Vuitton
Gilles Ghesquière
est en vacances
Chine
Lanzmann en attente d’un nouveau job
Jean-David Blanc
La dernière séance ?
Nicolas Gaume,
malheureux au jeu
Laurent Edel
ex-Président de la Republic
Jérémie Berrebi,
le gamin aux 10 000
cartes de visite
Joël Palix,
Y a-t-il une vie après Clust ?
Fabrice Grinda
Consultant, faute de mieux