Les années passent, les discours changent. En 1999, Michel Meyer, le patron de l’hébergeur de pages personnelles Multimania, prônait « l’indépendance, un principe fort pour nous qui essayons de promouvoir une certaine idée du Net ». En novembre 2000, le même Michel Meyer annonçait le rapprochement de sa société avec le groupe Lycos Europe. Alors, oublié l’esprit communautaire des débuts ? « Ben, il prend du plomb dans l’aile, c’est clair. Notre logique est financière, pas émotionnelle ou éthique », annonce un Michel Meyer qui n’en semble pas affecté outre mesure. Quand même, il tente une justification : « Mais on a choisi Lycos Europe car nous pensions que c’était un partenaire avec plus de principes éthiques que, par exemple, France Télécom ». Mouais...
En réalité, la décision de s’adosser à un groupe résulte d’un parcours boursier chaotique depuis l’entrée au Nouveau Marché, en mars 2000. En pleine exaltation médiatico-boursière autour de la nouvelle économie, l’action Multimania, proposée à un cours d’introduction de 36 euros, est sur-souscrite 112 fois, ce qui provoque une flambée spéculative et porte la valeur du titre à près de 125 euros. Mais l’envolée ne dure pas, et le cours fond jusqu’à environ 15 euros. « La pression d’un cours de Bourse descendant est terrible », concède Michel Meyer, qui doit subir les remontrances amicales de son entourage ou celles, plus cinglantes, de particuliers qui le reconnaissent dans la rue. Finalement, lorsque Multimania annonce l’offre publique d’échange (OPE) avec Lycos, l’action a regrimpé aux alentours de 24 euros. Soit, tout de même, douze euros en dessous du cours d’introduction... « Toutes les valeurs internet ont chuté, ce n’est pas de notre faute », se dédouane un peu vite Michel Meyer. Mais dans de telles conditions, on peut comprendre que 6,5 % des actionnaires individuels de Multimania n’aient pas apporté leurs titres à l’OPE. « Nous, on s’en fout, c’est trop peu pour être gênant. Et nous pourrons toujours racheter ces actions dans le cadre d’une offre publique de retrait », balaie Michel Meyer qui précise que cette dernière option, à l’étude, ne devrait pas être mise en œuvre dans l’immédiat.
La pression tombe
Pour l’instant, la priorité, ce sont les travaux au siège de Lycos France, afin d’accueillir au plus vite l’ensemble des sociétés rachetées par Lycos en France. « Multimania a emménagé le 1er février et Caramail ne devrait pas tarder à nous rejoindre », affirme Michel Meyer. Pour lui, la revente de Multimania s’accompagne d’un changement de rôle, puisqu’il devient président de Lycos France et intègre le board de Lycos Europe. « Je m’occuperai plus de management, pour mettre en place une organisation efficace, qui prenne en compte les contraintes d’un grand groupe tout en restant flexible », récite-t-il. La mission s’annonce délicate pour cet ingénieur de 28 ans, peu rompu aux manœuvres politiques indissociables de l’exercice des responsabilités au sein d’un grand groupe. Mais cela ne semble pas l’inquiéter. Pour tout dire, il montrerait même de bonnes dispositions, puisqu’il a remporté le bras de fer qui l’opposait à Marie-Christine Levet (directrice générale de Lycos France) pour la suprématie sur Lycos France. Tout juste craint-il, du fait d’échelons hiérarchiques forcément plus nombreux, que les informations lui parviennent déformées. Mais cela est un prix fort raisonnable pour une contrepartie inestimable aux yeux de Michel Meyer : « Dans la configuration actuelle, je ne suis plus responsable du cours de Bourse, la pression s’est donc considérablement amoindrie », souffle-t-il, soulagé.
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