Il y a un an, Transfert avait rencontré Olivier Lapidus pour parler de ses projets high-tech. Aujourd’hui, le couturier iconoclaste passe au stade industriel.
On entend dire, depuis six mois, que vous avez créé une start-up...
J’ai lancé deux projets. D’abord, mon activité industrielle en Chine, où j’ai déjà une dizaine de magasins de prêt-à-porter féminin sous la marque Yo. Yo, c’est pour Yimian & Olivier. Je me suis adossé au leader chinois du textile cotonnier, Yimian, 10 000 salariés. Notre PDG, Wang Li Tuan, est député du peuple à l’Assemblée nationale, mais l’entreprise publique est en voie de semi-privatisation. L’objectif est d’embaucher 7 000 personnes et d’ouvrir 50 magasins. Ensuite, j’ai un projet technologique avec des ramifications en Asie. Wearlap Technologies n’est aujourd’hui qu’une marque, et une division de ma société Medialux. Mais, d’ici à trois mois, nous allons boucler un tour de table avec des investisseurs institutionnels et industriels pour créer une société distincte. J’ai dû repousser la date de lancement de Wearlap, tellement il y avait de gens intéressés.
Que vendra Wearlap ?
Nous allons mettre en place l’industrie du téléphone porté, c’est-à-dire du téléphone intégré dans le vêtement. J’avais déposé le premier brevet en 1984. En 1996, j’ai présenté une veste avec un téléphone et un système GPS branchés sur des panneaux solaires. L’an dernier, c’étaient des vêtements avec des tissus sonores. À terme, une membrane intégrée entre deux couches textiles, avec un petit haut-parleur en haut du vêtement, pourra prendre le relais de l’oreillette. Il y avait aussi les robes à écran vidéo. Avec le procédé des fibres optiques éclairées latéralement, vous pourrez voir, de nuit, les claviers numériques tissés dans vos habits. Nous vendrons deux gammes de vêtements. Les moins chers, entre 500 et 2 000 francs, seront fabriqués en Asie du Sud-Est.
D’où l’intérêt d’investir en Chine...
Oui, c’est vrai, mais les deux projets n’ont rien à voir. Si j’ai été écouté en Chine – ce n’a pas été le cas en France –, c’est parce que mon style de couturier y est apprécié. Je vais aussi y développer des vêtements intelligents. Je suis en train de créer une holding qui chapeautera des sociétés adaptées à chaque marché. Par exemple, au Canada, j’ai déjà fondé la Québécoise d’Intégration Téléphonique et de Services, pour laquelle j’ai déposé un brevet sur la capacité des téléphones à résister au froid glacial. Nous ferons des vêtements pour le grand Nord.
Propos recueillis par Solveig Godeluck