Un cryptage quantique... et théorique
Des chercheurs ont démontré qu’il est possible d’envoyer des informations cryptées 100 fois plus vite que dans leurs rêves les plus fous. Mais les applications ne sont pas pour demain.
Des scientifiques de Mitre Corporation, de l’université de Rochester (New-York) et du laboratoire de recherche de l’US Air Force, ont présenté leurs découvertes lors d’un symposium sur les applications quantiques. Elles concernent le domaine de la transmission d’information cryptée grâce aux propriétés quantiques de photons. La cryptographie quantique permet de transmettre des données qui ne peuvent être ni interceptées, ni détournées, tout juste arrêtées. L’explication de ce Saint-Graal de la cryptographie : là où l’informatique ne peut aboutir qu’à un cryptage pseudo aléatoire, que des calculs mathématiques puissants peuvent briser, l’infiniment petit (électrons, photons) se comporte aléatoirement dans les conditions expérimentales adéquates. Il devient alors impossible de casser la clef de cryptage, puisqu’elle est véritablement aléatoire. Pour Antoine Clerget, directeur R&D d’Udcast, spécialisé dans l’Internet par satellite, "avec un tel système, on a une sécurité absolue, au niveau théorique".
Encryptage instantané des images
Lors du symposium, les chercheurs américains ont démontré que le supraconducteur de niobium-nitrate permet de transmettre à grande vitesse des photons en état quantique. Et ce, à un débit hypothétique d’1 gigabit par seconde, contre 10 kilobits par seconde avec les systèmes lasers actuels. L’intérêt des transmissions quantiques, à l’heure où le débit sur fibre optique atteint les térabits par seconde, ne réside pas dans la vitesse mais bien dans la perspective d’une qualité de cryptage absolue. Gerald Gilbert, directeur du Quantum Information Science Group chez Mitre Corporation, a déclaré au New Scientist que "l’encryptage instantané des images constituerait l’application ultime. Et nous avons de fortes chances de voir une application militaire à court terme". Perspective : envoyer des informations sécurisées à grande vitesse par satellite. En 18 mois, il déclare pouvoir bâtir un prototype de système de transmission terrestre.
À l’Ouest, rien de nouveau
Aucune conséquence dans l’immédiat, cependant, pour les utilisateurs de cryptographie. "En fait, les vraies découvertes en matière de crypto sont très difficiles à apprécier immédiatement, explique pplf, webmestre du site "OpenPGP en français". Ce n’est qu’au bout de quelques mois que l’on peut voir, par la réaction des autres cryptographes, s’il y a vraiment du nouveau. Et le cas échéant, ce n’est qu’au bout de 10 à 20 ans que monsieur Toutlemonde utilise dans sa vie de tous les jours la chose." Il est vrai qu’à moins de pouvoir garder chez soi un supraconducteur à 9 degrés Kelvin au maximum (légèrement plus chaud que le zéro absolu, et nécessaire pour la transmission à l’état quantique), la cryptographie traditionnelle a encore de beaux jours devant elle.
L’article du
New Scientist:
http://www.newscientist.com/news/ne...
Le symposium où a été annoncée la découverte:
http://www.erim.org/qas2001/index.html
Mitre Corporation:
http://www.mitre.org
University of Rochester Department of Electrical and Computer Engineering:
http://www.ee.rochester.edu:8080/in...
US Air Force Research Laboratory:
http://www.afrl.af.mil