NetCentrex, fondée en 1998, est une start-up française spécialisée dans la Voix sur IP. Olivier Hersent, son PDG, nous en explique les principes et les enjeux.
Qu’appelle-t-on la technologie de la "Voix sur IP" ?
Voix sur IP, ou VoIP, signifie Voix sur Internet protocol. Aujourd’hui, lorsqu’on se connecte à Internet par le biais d’un modem, on fait circuler des données sur un réseau téléphonique, initialement conçu pour transporter de la voix. Parallèlement, il existe un réseau plus puissant pour transporter des données. Il y a deux ans, le trafic de données était équivalent, en volume, au trafic de voix. Or le trafic de données double tous les ans quand la croissance du trafic de voix est très faible. Le développement des infrastructures suit cette tendance. Il est donc logique que l’on cherche à faire circuler la voix sur le réseau DATA et à faire migrer tous les services habituels liés à la voix (messagerie, etc.).
Quelles sont les applications de la Voix sur IP ?
La révolution de la VoIP se fait du cœur vers l’extérieur. Dans un premier temps, il s’agit de remplacer l’architecture de base des opérateurs. On voit aujourd’hui apparaître des applications pour les centres d’appel virtuels, décentralisés. Les technologies de téléphonie classique permettaient déjà de construire des centres d’appel virtuels, mais la voix sur IP allège énormément la structure et le volume de données qui circulent. Pour le grand public, le fournisseur d’accès Tiscali propose déjà à ses abonnés un service d’appels gratuits à l’intérieur de l’Italie. On s’oriente vers des opérateurs de nouvelle génération (comme FastWeb en Italie ou B2 en Suède), issus de l’Internet et non de la téléphonie, qui proposeront l’accès haut débit à la télévision, au téléphone et aux données grâce à la technologie de voix sur IP. C’est un peu le business model de Noos, car fournir des données exclusivement n’est pas rentable. Par ailleurs, dans un domaine plus grand public, il existe déjà des téléphones qui exploitent la technologie de la voix sur IP, Siemens, Cisco.
En quoi la VoIP pourra-t-elle bénéficier de la dérégulation ?
Tous les services mentionnés ci-dessus requièrent l’installation du haut-débit jusqu’à l’utilisateur final. Or, pour l’instant, France Télécom n’a pas intérêt à développer le réseau puisque l’opérateur historique détient encore un monopole. France Télécom est un excellent opérateur qui serait excellent dans un monde dérégulé, mais ils sont malins : ils préfèrent attendre d’avoir capté l’essentiel du marché DSL avant de l’ouvrir à la concurrence.