La capitale burkinabé organise, elle aussi, sa fête de l’Internet. Jusqu’à dimanche, les Ouagalais peuvent naviguer gratuitement - mais au compte-gouttes - sur la Toile.
"S’il vous plaît, il faut terminer maintenant". Dans la salle Dimaco de l’hôtel Indépendance, Rosine, une des animatrices de la fête de l’Internet et membre du Rifod (1), doit faire la police. Rivés à leur écran, les apprentis internautes dépassent allégrement la limite des quinze minutes de consultation gratuite et ne décrochent de leur clavier qu’à regret. Derrière eux, la file attentive et silencieuse des candidats à une "première connexion" ne maigrit pas. Le filet d’air diffusé par deux gigantesques ventilateurs et l’étape obligatoire de la fiche de renseignements suffisent néanmoins à tromper l’attente. Ces données permettront au passage d’établir un portrait robot des quelque 600 apprentis internautes qui ont défilé cette semaine. Presque tous étudiants ou élèves, ils sont majoritairement masculins. "Nous pensions que les secrétaires, habituées à manier l’outil informatique, seraient intéressées par ces quelques minutes de navigation gratuite. Mais en fait elles ne viennent pas", se lamente Rosine.
Yahoo ! aux portes du Sahel
Hommes ou femmes, les Ouagalais surfent peu. Ceux qui se pressent ici ont pour la plupart bravé la chaleur écrasante et l’atmosphère poussiéreuse de cette fin de matinée pour créer ou consulter leur messagerie électronique. À Ouaga, au beau milieu de l’Afrique de l’Ouest et aux portes du Sahel, les sites les plus courus se nomment Hotmail, Caramail ou Yahoo ! Enfin installé face à l’écran, Issouf, 22 ans, est pris en charge par un des animateurs du Rifod. Issouf maîtrise déjà quelques fonctionnalités de l’ordinateur. Inscrit dans un lycée privé d’enseignement technique, il participe régulièrement à un module "opérateurs de saisie", un petit plus pour dégoter un travail à la sortie du Bac. Pour autant, Issouf, ne s’est jamais frotté à la Toile. S’il en a le temps, il adressera son tout premier courrier électronique à ses cousins de Bonn ou à son correspondant de Marseille, à une vitesse moyenne de 300 octets par seconde. Son pote Boukary est déjà un "habitué" du service Hotmail. Oubliés les retards et aléas de la Poste burkinabé : ses correspondances avec l’Espagne n’empruntent plus que la voie électronique. Familier de l’email, Boukary reconnaît néanmoins en faire un usage modéré. "En ville, le prix d’Internet reste cher, je ne le consulte pas plus d’une fois par mois", dit-il.
Une journée de salaire pour moins d’un quart d’heure de connexion
Pour preuve, à deux minutes de motocyclette de l’hôtel Indépendance, le cybercafé "Ica2" affiche des tarifs encore prohibitifs pour l’immense majorité des burkinabé : 750 francs CFA (7,5 francs français) pour quinze minutes, dans un pays où l’on estime le revenu moyen quotidien À 600 francs CFA par habitant. Cela dit, même chère, la connexion Internet s’avère nettement moins coûteuse que le téléphone. Et quelques gamins des rues n’hésitent pas à se lancer sur la Toile pour tenter de garder le contact avec leurs amis "Nassara", ces blancs européens qui, un jour, leur ont griffonné une adresse sur un bout de papier. Il y a ainsi Ismaël, 17 ans, qui lance un message désespéré à Nadia "Que silence !(sic) Pourquoi tu ne m’écris pas !". Ou encore Missawa, un vendeur ambulant âgé de tout juste 20 ans, casquette vissée sur le crâne et moustache naissante. Plus chanceux qu’Ismaël, il vient de recevoir un message de Slovénie. Là-bas, une ancienne petite amie lui commande deux djembes pour un total de 200 000 CFA (2000 francs français), frais de transport compris. Une somme rondelette, de quoi vivoter pendant quelques mois. Un petit miracle de l’Internet ouagalais que Missawa fêtera jusque tard dans la nuit.
(1) Organisation non gouvernementale ouest-africaine, le Rifod (Réseau d’information et de formation sur le d...veloppement) met en œuvre des projets de d...veloppement durables fond...s sur la formation aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les fournisseurs d’accès Internet publics ou semi-publics:
http://www.liptinfor.bf
Le Reseau d’information et de formation sur le développement:
http://www.rifod.org
http://www.cenatrin.bf
http://www.cenatrin.bf
Les fournisseurs d’accès Internet publics ou semi-publics:
http://www.fasonet.bf
http://www.zcp.bf
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