15/01/2001 • 12h07
ARCHIVES 1.09 - Ligarena, la french connexion
Créée voici un an et demi, Ligarena est la première société française à avoir organisé des Lan parties. Son fondateur, Jean-Philippe Lahoussaye-Duvigny, rêve d’un championnat national qui « tienne la route ».
« Je suis ingénieur en informatique. J’ai bouffé des livres et des livres pour en arriver là. Mais mon dernier stage - à l’Assistance publique/hôpitaux de Paris - m’a dégoûté du travail. Trois mois ont suffi. » ...cœuré par une hiérarchie trop pesante, Jean-Philippe Lahoussaye-Duvigny a préféré jouer la dissidence. « Je n’aime pas travailler pour quelqu’un », répète ce beau Noir trentenaire, ancien champion de France de roller, connu dans le milieu des joueurs sous le pseudo de « Pantémor ». Sirotant son jus d’orange, à 20 heures dans un bar branché, Jean-Philippe raconte sobrement comment il est devenu le patron de Ligarena.
« J’avais envie d’organiser une Lan party, mais je n’avais pas un rond : tous les sponsors m’avaient claqué la porte au nez. » En janvier 1999, Jean-Philippe dissimule donc son projet de tournoi derrière une association loi 1901, « Joueurs Lan et Net ». C’est sous cette bannière qu’il démarche, au culot, le directeur pour l’Europe de la société américaine 3 Com... Qui lui répond « Ça me plaît ! » et lui prête le matériel nécessaire au montage d’un réseau. « Ça me botte ! », renchérit le responsable de la MJC de Saint-Cloud. Et il propose un local de 150 m2. Ainsi naît, en février 1999, la Lan Arena 1. « Nous avons rassemblé 60 joueurs, surtout par bouche à oreille », se souvient Jean-Philippe. Tout le monde met la main à la pâte pour monter le réseau. Ce week-end de jeux est un véritable succès. Aussitôt, une pluie de mails réclame la tenue d’une Lan Arena 2. « Je n’avais rien planifié. J’ai tout simplement dit “O.K.” Et en mai, j’ai lancé une réunion avec environ 150 personnes. »
Cette deuxième édition se déroulera dans une salle du Stade Français, toujours à Saint-Cloud. Les inscriptions sont closes une semaine avant l’événement, mais les demandes continuent à affluer. « Je me suis dit que mon troisième truc serait démesuré. Une réunion de 300 personnes, avec l’appui de nouveaux sponsors. » Comme 3Dfx ou Canal+, qui dote la compétition d’un voyage à Dallas. Une fois de plus, c’est le succès. Fort de ces appuis commerciaux solides, Jean-Philippe enchaîne sur la préparation de la Lan Arena 4 et franchit une nouvelle étape : moins de deux jours après la mise en vente, les 500 places disponibles sont bookées. Une semaine plus tard, pas moins de 900 personnes se bousculent sur les listes d’attente !
Résultat ? Au fil de cette progression, la Lan Arena s’est imposée en France comme un événement de référence. Jean-Philippe Lahoussaye-Duvigny a fini par transformer son association en une société anonyme, Ligarena. Elle emploie aujourd’hui huit personnes à plein temps, qui planchent sur l’organisation de la Lan Arena numéro 5. Prévu pour novembre prochain, le tournoi devrait rassembler près de 1 000 joueurs, peut-être sous les verrières de la grande halle de la Villette, à Paris. Le budget, lui, frôlera le million de francs.
Aujourd’hui, les objectifs de Ligarena sont clairement définis : faire reconnaître le jeu vidéo comme un sport en créant des équipes, des ligues nationales et un championnat qui, comme le dit Jean-Philippe, « tiennent la route ». Ce faisant, le producteur français pourrait bien couper l’herbe sous le pied des mastodontes américains et coréens - façon Cyberathlete Professionnal League ou Battletop - qui lorgnent sur l’Europe et ne demandent pas mieux que de fédérer les joueurs du continent (voir p. 71). Défi impossible ? De l’avis des gamers, le patron de Ligarena est de taille à relever le gant.
|