12/01/2001 • 11h09
ARCHIVES 1.09 - La carte à puce n’est pas (encore) morte
Les Français le promettent, l’arrivée de la carte à puce sur le marché américain va en faire LE moyen de paiement en ligne. Le e-cash pourrait les faire mentir.
« Mais qu’est-ce donc que la monnaie virtuelle ? » La réplique revient dès que l’on interroge les acteurs français du marché de la carte à puce sur la « menace » que fait planer sur eux le cash électronique. Cette apparente ignorance témoigne d’une forme d’arrogance assez pernicieuse. Aucun doute, tranchent-ils, la puce est la clé du développement du commerce électronique. « Le milliard et demi de cartes de paiement aujourd’hui en circulation dans le monde va migrer massivement vers cette technologie », promet Rémi Medevielle, responsable du marketing banque chez Gemplus, l’entreprise marseillaise
conceptrice de la fameuse carte à puce.
La partie ne semble pas gagnée. Si elle est populaire en France - 40 millions de porteurs -, la carte n’a pas convaincu ailleurs. Même Gemplus,
Bull, Schlumberger ou Oberthur sont montés au créneau pour en vanter les mérites. L’impératif de sécurité dans les transactions en ligne leur fournit un argument choc. Le taux de fraude à la carte est ainsi évalué à 0,01 % en France, soit cinq fois moins qu’aux ...tats-Unis. Et en Grande-Bretagne, le nombre de fraudes à
la carte magnétique a explosé de 50 % entre 1998 et 1999. CQFD. Conséquence, les tenants de la carte à puce voient s’entrouvrir les marchés anglo-saxons. American Express commercialise déjà 2 à 3 millions de Blue Cards, Mastercard prépare 5 millions de cartes nouvelle génération et Visa lance sa Smartcard. Visa et Mastercard , qui contrôlent plus des trois-quarts du marché, voudraient jouer de leur puissance pour accélérer le cours des choses.
Puce ou pas, pour payer en ligne, les internautes doivent toujours communiquer le numéro et la date d’expiration de leur carte. Le protocole (SSL) incorporé dans leur navigateur est censé assurer la sécurité de la transaction. Mais si SSL est simple d’utilisation, il ne permet pas, entre autres, d’authentifier le porteur de la carte. Du coup, d’autres solutions risquent de faire de l’ombre à la carte à puce.
Les banques l’ont bien compris et ne restent
pas inactives. En France, elles ont déjà investi dans Cyber-comm, aux côtés
de Bull, Gemplus, France Télécom ou ParisBourse. Ce consortium veut imposer sa solution, un terminal de paiement qui se branche sur l’ordinateur et permet de lire la carte à puce. Ce système plaît aux banques car il leur permet, accessoirement, d’être mieux armées contre les monnaies virtuelles et de conserver la maîtrise des flux monétaires. Leur appui est d’ailleurs un atout pour
la réussite de Cyber-Comm. Mais le faible nombre de terminaux de paiement (20 000 seulement en France) ne lui permet pas de pavoiser. Une fois de plus, la solution française ne s’est pas (encore ?) exportée. Et les prévisions de Cyber-Comm pour les prochaines années demeurent étrangement imprécises...
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