L’importante compagnie d’assurance Royal & Sun Alliance vient de débarquer temporairement 41 de ses employés. Les polissons avaient échangé un message contenant des images pornographiques.
Les entreprises britanniques n’auront pas attendu longtemps pour mettre en pratique la nouvelle loi sur la surveillance des communications au travail. Depuis deux mois, les patrons d’outre-Manche débarquent à tour de bras leurs employés indociles. Prohibition numérique oblige, les messageries électroniques sont inspectées à grands coups de clics. En novembre, six employés de la firme Cable&Wireless étaient congédiés pour avoir échangé des mails "offensants". Un mois plus tôt, deux membres de Holset Engineering étaient mis à la porte après l’envoi de messages orduriers à quarante autres de leurs collègues.
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Aujourd’hui c’est au tour de l’importante compagnie d’assurance internationale, Royal & Sun Alliance de prendre des mesures disciplinaires. Quarante et un employés de la filiale de Liverpool sont suspendus de leur fonction depuis le vendredi 15 décembre pour avoir échangé un mail contenant des images pornographiques. L’une d’elles représente les héros du dessin animé américain Les Simpsons, dans une position disons plutôt... suggestive. Quoi qu’il en soit, que l’image soit gênante ou non, qu’il y en ait une ou plusieurs - comme l’affirme un employé de la firme - la faute réside en fait moins dans le contenu que dans le simple fait d’avoir reçu et transmis un message privé durant les heures dévolues à l’entreprise.
Enquête numérique et mesures disciplinaires
Pour ajouter à la tragédie, les employés de la firme ont vraiment joué de malchance. Le mail en cause n’a pas seulement transité dans les messageries internes, il a en plus atterri dans la boîte perso du directeur ! Aucune chance donc d’échapper au coup de semonce. Aussitôt, le service de sécurité informatique a lancé l’enquête pour déterminer les fautifs. Une centaine de salariés seraient "compromis" dans l’affaire. Ils feront l’objet d’une procédure disciplinaire individuelle. Et comme à chaque faute sa pénitence, on imagine aisément ce que pourra être celle de l’expéditeur initial du message. Déjà, dans l’entreprise, les rumeurs de renvoi se précisent. Le règlement interne de Royal & Sun Alliance, adopté l’année dernière, est clair : toute correspondance numérique privée est proscrite et passible de sanctions.
Officiellement, la firme reste discrète. "Nous confirmons avoir suspendu un certain nombre d’employés, mais nous ne commenterons pas le chiffre avancé par la presse ni le contenu du message", commente Paul Atkinson, son porte-parole. Rapportée par le très sérieux journal local, le Liverpool Post et repris par le Times, la véracité des informations est confirmée par un membre de l’entreprise. En attendant, MSF (Manufacturing, Science and Finance union) et Unify, les deux syndicats représentés dans la firme, n’ont pas bronché. Un membre de la compagnie explique : "De toute façon, les syndicats soutiennent généralement les actions de l’entreprise. Elles se conforment à la loi." Si la loi le dit, à quoi bon combattre !