Aux ...tats-Unis, une association de consommateurs a découvert que les offres des agences de voyage en ligne étaient biaisées par des accords avec les compagnies aériennes. Cette pratique toucherait aussi les voyagistes européens.
"De troublantes preuves de favoritisme existent entre des sites de voyage en ligne américains et certaines compagnies aériennes." C’est la conclusion de Consumer Report, une association de consommateurs américains, qui a testé les quatre plus grandes agences de voyage en ligne du pays : Cheap Tickets, Expedia, Lowestfare et Travelocity. Il apparaît en effet que les offres présentées comme les meilleures sont étrangement celles des compagnies qui font de la publicité sur le site, ou celle d’une compagnie partenaire du site . Or, une recherche avec le système de réservation utilisé par la majorité des "tour operators", sous contrôle du Département américain des Transports, montre que des vols moins chers auraient été disponibles.
Ainsi, sur Travelocity, les compagnies présentes sur les bandeaux publicitaires sont, dans 48 % des cas, celles citées en tête des bonnes occasions. De son côté, la TWA se taille la part du lion dans les vols proposés sur Lowestfare. Or, Carl Icahn, le propriétaire du site, est un ancien dirigeant de ladite TWA. En juillet dernier, Terrell Jones, le président de Travelocity, niait pourtant ce type de pratique : "Notre société ne réorganise pas les offres qu’elle reçoit de Sabre [base de données rassemblant toutes les offres de toutes les compagnies aériennes]. Notre affichage des horaires et des prix est conforme aux règles du Département américain des Transports."
Ces deals existent déjà en Europe
La réputation de ces sites – coin des "occasions en or" et des "dernières minutes" – risque donc d’en prendre un coup. Mais les professionnels du secteur ne semblent pas surpris par ces révélations. "J’ai bien sûr entendu parler de ces pratiques. C’est ainsi que le Web s’est construit. Pensez à Yahoo, AOL ou encore à Wanadoo, tous ces portails mettent en avant les produits des compagnies qui ont payé pour cela", explique Javier Perez-Tenessa, PDG d’eDreams, agence de voyage en ligne internationale. Même son de cloche chez Olivier Roche, directeur du développement chez le français Promovacances : "Les négociations entre compagnies aériennes et agences de voyages sur des objectifs de vente ou de chiffre d’affaires ont toujours existé. Ce n’est pas propre au secteur du tourisme, mais à la distribution en général. La différence avec le Net, c’est que cela se voit, car l’internaute a la possibilité de comparer les offres et qu’il a accès à plus d’informations."
Mais en France, les volumes de vente de vols en ligne ne sont pas encore suffisants pour que les compagnies aériennes s’intéressent aux voyagistes hexagonaux. "Nous pratiquons l’affichage neutre en fonction simplement de la demande du client et en classant les réponses par ordre de prix croissant", soutient Pascal Bordat, directeur général de Travelprice. En Europe, par contre, "des deals entre agences de voyage et compagnies existent déjà", confirme Javier Perez-Tenessa d’eDreams.
L’Internet ne révolutionnera donc pas les pratiques du métier. "On ne fait que reproduire ce qui se passe dans le monde réel", reconnaît Olivier Roche. Dommage.