Le boss de Microsoft a annoncé qu’il se lançait à fond dans l’aventure du jeu. Avec une nouvelle console, prévue pour 2001. Un possible tremblement de terre dans l’industrie du jeu.
Bill Gates voulait "prendre du recul". Il voulait être "le grand architecte". Il souhaitait ne plus s’impliquer dans la bagarre marketing. Tu parles. En annonçant la semaine dernière que Microsoft allait se lancer, dès l’automne 2001, dans la grande bagarre des consoles de jeux, le boss de la firme de Redmond (banlieue de Seattle, ...tats-Unis) a clairement annoncé la couleur : vous voulez me limiter sur Windows ? J’attaque ailleurs. Et pas n’importe où : sur l’un des marchés les plus lucratifs qui soit, le jeu.
Le joueur est un être spécial qui n’a qu’une requête : toujours plus. Plus de réalisme, plus de vitesse, plus de complexité, plus de scénario, plus de graphisme, etc. Et il est prêt à payer pour cela. Sony, qui vient de vendre près de deux millions d’exemplaires de sa nouvelle Playstation II en 48 heures au Japon, le sait trop bien. Gates aussi. Sa future X-Box sera d’ailleurs conçue pour donner le maximum au joueur. Construite autour d’une architecture Intel, avec un processeur Pentium III cadencé à 600 MHz, la boîte à jouer de Microsoft sera gonflée en mémoire (64 Mo de Ram et 8 Go de disque dur) et équipée d’une carte graphique spécialement développée et capable de performances inédites. En outre la X-Box sera dotée d’une carte réseau Ethernet au débit confortable. Dès la conception de l’objet, oncle Bill a mis le paquet.
Logithèque et haut débit
Mais ce n’est pas tout, car la console Microsoft aura deux atouts de taille par rapport à ses concurrentes : d’abord, et c’est très important, l’adaptation des jeux du PC vers la X-Box sera facile, beaucoup plus en tout cas que d’adapter un jeu PC vers les produits Sony, Sega ou Nintendo. La raison ? C’est un système d’exploitation dérivé de Windows qui fera tourner la machine... Pas fou, le Bilou. S’il sait mobiliser les développeurs (il en a la force de persuasion et les moyens), la X-Box disposera, dès sa sortie, d’un catalogue de jeux très fourni, ce qui était jusqu’à maintenant l’apanage de la Playstation. Deuxième point fort : une véritable connexion Internet dans la machine. La seule console à proposer une connexion à Internet est aujourd’hui la Dreamcast de Sega. Mais au modem, la X-Box préfèrera une "connexion Internet via les réseaux large bande". En résumé : Microsoft parie sur le haut débit, indispensable pour le jeu en réseau, bien sûr, mais aussi pour télécharger gratuitement des versions "test" des futurs programmes. Des jeux gratuits, par exemple. Doom, notamment, a démontré que c’était l’arme fatale du bon jeu : vous distribuez gratuitement une version 1 de qualité et vous attendez que la base de joueurs soit solide ; vous annoncez alors une version 2, bien plus riche, mais payante... Bingo : la plupart des accrocs à la première version craque pour la grande sœur.
Réactions ? "No comment"
Microsoft part donc à la conquête d’un des rares marchés de l’informatique où il n’était qu’un acteur secondaire. Pour les analystes, c’est une information capitale. La puissance de la marque de Redmond annonce une superbe bagarre qui pourrait sacrer la domination de deux marques, les plus puissantes : Sony et Microsoft. Pour Nintendo et Sega, la survie réside dans l’imagination : à eux de sortir des produits encore meilleurs. Mais ni les uns ni les autres ne se bousculent pour commenter la naissance de la X-Box, et encore moins les partenariats entrepris entre Microsoft et des grands noms du jeu tels que Electronics Arts, Konami, Acclaim ou Eidos Interactive. "Nous parlerons de la X-Box lorsque nous l’aurons entre les mains ", explique-t-on en substance chez Sony. Une chose est certaine : les consoles en place ont intérêt à déployer leur pouvoir de séduction. Car le joueur a un dernier trait de caractère : il n’est pas fidèle. Il va naturellement vers celui qui lui donne le plus d’émotions.