L’entreprise rennaise Idra environnement, spécialisée dans la dépollution
des sols et des eaux, va tester dans les prochaines semaines un procédé de
traitement de déchets parmi les plus toxiques. Ses trois fondateurs assurent
pouvoir venir à bout sans incinération, des résidus de farines animales,
lisiers, boues de stations d’épuration et d’amiante.
Idra Environnement a acquis l’exclusivité d’un procédé
récompensé au concours Lépine de 2001. L’un des fondateurs de la société, Manuel Roussel, explique : "Cette technique permet de stabiliser les déchets
et de les ’inerter’ en les enrobant d’une couche de résine". Idra a proposé sa "recette" à la préfète de la région Bretagne. Des
tests de validation du procédé doivent démarrer dans les prochaines semaines
et pourraient se conclure, selon Manuel Roussel, au mois de septembre
prochain.
En cas de succès, Idra pourrait offrir une solution inespérée à
une société de consommation empêtrée dans la gestion de ses déchets.
Lisiers, boues des stations d’épuration, farines animales, amiante, Refium (Résidus d’épuration des fumées d’incinération d’ordures ménagères) et caoutchoucs pourraient être traités, neutralisés et
transformés en granulats inoffensifs. Cette solution constituerait une
alternative à l’incinération ou au stockage en décharge.
Les sauveurs du Croisic
A peine trentenaires, Manuel Roussel, Nicolas Proulhac et Fabrice Béraud ont déjà surpris quelques poids lourds des métiers de l’environnement, parmi
lesquels Vivendi Environnement ou Bouygues. En mars 2001, ils ont remporté
un appel d’offre européen lancé par le ministère de l’Intérieur pour le
nettoyage du "traict du Croisic ". Une nappe de pétrole de l’Erika s’était
déposée au fond d’un marais maritime (traict), situé à l’entrée du port de pêche de
Loire-Atlantique. Cette nappe nécessitait le traitement de quelque 20 000 tonnes de sable.
Après 40 jours de travaux, Idra a rejeté en mer un sable et une eau vierges
de pollution. Ce succès a permis à l’entreprise d’être réquisitionnée par l’Etat pour mener une mission d’expertise sur la côte Atlantique souillée par le pétrole du pétrolier Prestige.
Idra Environnement emploie 8 salariés et annonce un chiffre d’affaires de 1,5
million d’euros pour l’année en cours. Elle développe par ailleurs des activités
de traitement de boues et sédiments des ports et rivières, dont la
réglementation limite les rejet en mer. Elle envisage de se porter candidate
à la mise en oeuvre de grands chantiers, tels celui du désensablement du Mont-Saint-Michel. "Les nettoyeurs comme nous ont de l’avenir, annonce Manuel
Roussel. Lorsque nous achevons un chantier de dépollution, les collectivités
locales sont satisfaites mais ne font rien pour éviter une réapparition du
problème. Or c’est bien aux politiques de faire de la prévention".