On savait que l’humour de Raymond Devos était sensiblement différent de celui de Jean-Marie Bigard. Mais on ignorait que si on rit aux blagues des deux humoristes, les parties stimulées de notre cerveau ne sont pas les mêmes.
Imaginez 14 personnes écoutant des blagues aussi drôles que "Pourquoi le golfeur portait deux caleçons ? Parce que l’un des deux avait un trou". Ce n’est pas le retour de Philippe Bouvard aux Grosses Têtes, mais une expérience scientifique menée par Vinod Goel de l’université de Toronto (Canada) et le britannique Raymond Dolan, de l’université de neurologie de Londres. Le but : localiser la région du cerveau qui est stimulée lorsque l’on rit. Et les deux scientifiques ont découvert que le cortex ne réagissait pas de la même façon à toutes les blagues. Ils ont classé les plaisanteries en deux catégories : d’une part les blagues sémantiques, qui jouent avec les mots, et d’autre part, les boutades phoniques, qui jouent sur les sons. Pour obtenir ces résultats, les scientifiques ont soumis leurs cobayes à des blagues de tout genre, et ont observé, à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les régions du cerveau qui étaient actives au moment du rire.
Une zone centrale pour la réponse
Après avoir épuisé plusieurs vidéos de Mister Bean, des films de Jerry Lewis et l’intégrale des Monthy Python, les scientifiques ont conclu que l’humour sémantique semble stimuler le lobe temporel postérieur, zone déjà connue pour traiter la signification des mots, alors que les calembours (blagues de type phonique) titillent le cortex préfrontal inférieur gauche, une des zones qui traitent le son. Rien que de bien normal direz-vous, mais les scientifiques ont également imposé à leurs 14 désignés volontaires des variantes "pas drôles" de leurs blagues : "Pourquoi le golfeur portait deux caleçons ? Parce qu’il faisait froid." Version nettement moins risible que la première, qui ne l’était déjà pas beaucoup. Et surprise : ils ont remarqué que l’activité dans ces régions du cortex ne variait pas. Ils en ont donc conclu que c’est bien l’humour qui stimule ces zones. Forts de ces résultats, les chercheurs ont continué leurs investigations, et ont découvert une autre zone impliquée dans le rire : le cortex préfrontal ventral médian. Cette partie-ci est chargée de répondre à la blague, c’est-à-dire de provoquer, physiquement, le rire. Contrairement aux deux autres, elle réagit à toutes les blagues, et ne fait donc pas la distinction entre sémantique et phonique. Finalement, la seule chose que l’on ne puisse pas encore expliquer, c’est l’humour anglo-saxon...
L’article de
NewScientist:
http://www.newscientist.com/dailyne...
Le site de l’université de Toronto:
http://www.utoronto.ca/
L’article de
Nature:
http://www.nature.com/nsu/010301/01...
Le site de l’université de neurologie de Londres:
http://www.ion.ucl.ac.uk/