L’ancien conseiller politique de François Mitterrand est devenu un entrepreneur du Web. Avec un gros carnet d’adresses.
"Je n’ai pas d’ordinateur, j’ai Jacques Attali", disait François Mitterrand. Á 57 ans, ce " personal computer " qui conseilla l’ex-président français deux septennats durant, est, entre autres, un capital-risqueur. Via A et A (Attali et associés), il participe financièrement, avec Cytale, à l’aventure du livre électronique et a investi dans 23 start-up. Jacques Attali, qui ne dort jamais plus de cinq heures par nuit pour écrire, a poursuivi sur la voie tracée lors de son passage à la tête de la BERD en créant PlaNetFinance. Cette ONG est un réseau financier en ligne qui mêle deux des fascinations de son créateur : la géo-économie et Internet. L’idée ? Mettre en contact les micro-banquiers de pays en développement avec des sources de capital. PlanetFinance concentre son action sur les nouvelles technologies.
L’un de ses derniers hauts faits a été d’obtenir l’accord du gouvernement chinois pour effectuer une étude de faisabilité dans le Hunan, comme le précise le Wall Street Journal, qui consacre un long portrait à Attali. Dans son conseil de surveillance, l’ancien président de la BERD a réuni des hommes comme Jacques Delors, Abdou Diouf ou Boutros Boutros-Ghali. Mais aussi Michel-David Weill, associé-gérant de Lazard Frères, Paul Hermelin, membre du directoire de Cap Gemini ou Bill Joy, cofondateur de Sun Microstems Inc. Selon ce dernier, c’est d’ailleurs la théorie de l’homme nomade, développée voici une dizaine d’années par Jacques Attali au chapitre cinq de son livre " Lignes d’horizon ", qui a inspiré le développement de la plate-forme Java et de ses avatars. Celui qui " inventa " aussi le programme Eureka a également aidé à créer la première machine à classer les gênes, rappelle son ami Daniel Cohen, responsable chez Genset de la recherche sur le génôme. Cet orgueilleux hors norme, dont seule l’intelligence n’est pas controversée confesse tout de même deux regrets : d’abord, il a échoué à faire de la " TGB " une grande bibliothèque en ligne. " Tout l’argent qui devait aller à la technologie a été absorbé par la construction d’un immeuble gigantesque ", soupire-t-il. Ensuite, ce collectionneur de sabliers craint de ne pas avoir le temps de rédiger tous les livres dont l’idée lui chatouille le cortex.