Transfert poursuit la publication d’interviews d’acteurs de l’Internet après le premier tour de l’élection présidentielle. Après Philippe Qué&au :Olivier Faure, qui fut le webmestre du site de campane de Lionel Jospin. Et qui est- toujours- directeur adjoint du cabinet de François Hollande au parti socialiste.
Quel rôle, selon vous, l’Internet peut jouer pour le second tour des élections ?
Parallèlement à la mobilisation contre l’extrême -droite que l’on peut observer dans la rue, on peut observer des phénomènes identiques sur le Net. Je ne cesse d’être destinataire de messages appelant à faire barrage au FN. Ces messages proviennent de militants mais pas uniquement. Il y a parfois des dialogues surprenants qui se nouent entre destinataires d’un même message. A l’évidence, Internet continue d’être un lieu de débat. Ce n’est pas l’unique lieu, mais il est complémentaire, notamment parce que l’expression écrite autorise argumentation et analyses.
Vous- même, avez vous un projet ?
Pour le moment nous faisons vivre le site lioneljospin.net, en diffusant les mots d’ordre du PS pour le 5 mai prochain.
Parallèlement l’équipe qui a réalisé le site de Lionel Jospin travaille sur un nouveau projet militant.
On disait que l’Internet pouvait être un outil de la vie politique, vers plus de démocratie. Y croyez-vous encore ?
Internet est encore réservé à une élite trop étroite pour considérer qu’il est un véritable outil de démocratisation de la politique. C’est un outil complémentaire aux modes traditionnels d’information et d’échange (tracts, meetings, interview, déplacements sur le terrain). Ce n’est ni le remède miracle au désintérêt que suscite la politique, ni un simple gadget. C’est d’abord le lieu d’une information plus exhaustive puisque sur le Net, les rédacteurs ne sont pas limités en espace comme c’est le cas dans la presse écrite ou audio-visuelle. Les journalistes eux-mêmes viennent chercher leurs informations sur les sites. Le succès des retransmissions en direct des meetings de Lionel Jospin montre aussi que les internautes sont intéressés par une information plus directe, en dehors des comptes rendus qu’ils peuvent lire et sont forcément déformés par le prisme de leurs auteurs.
C’est ensuite un lieu de débat. Les chats, qui ont été nombreux au cours de la campagne, ont obtenu droit de cité. Les forums quand ils ne sont pas de simples exutoires permettent aussi aux internautes de se forger une opinion.
D’après le sondage Serveur-CSA / sortie des urnes, les internautes ont voté à 14% pour Le Pen (Jospin : 18% et Chirac : 20%). Les internautes sont-ils de droite ?
Ces sondages tendent plutôt à prouver que les internautes ont plus voté Jospin et moins voté Le Pen que la population dans son ensemble...