Ce membre du Cage détaille la nouvelle mode du "genespotting" sur les parcelles OGM en Belgique
Parmi les organisateurs de la semaine Genespotting, dont le but est d’informer les citoyens européens sur les problèmes liés aux OGM, figure le CAGE (Collectif d’Action GénÉthique). Très actif, ce collectif belge a déjà opéré quatre actions de "genespotting" en Belgique depuis septembre 2002 (voir nos articles d’hier et du 19 mars). Les explications de Sébastien Denys, membre du CAGE.
Qu’est ce qu’un "genespotting" ?
S. D.- Ce terme vient du "bombspotting", pratiqué par les pacifistes anglo-saxons. Il s’agit de se rendre sur le lieu où sont entreposées les armes afin d’attirer l’attention sur des stocks
militaires parfois illégaux ou tenus secrets. Si cette première phase ne suffit pas, les militants passent à la seconde : le "bombstopping". Cette fois, non seulement ils pénètrent sur le terrain militaire, mais ils emmènent avec eux un outil, un marteau par exemple, avec lequel ils procèdent à la destruction de l’arme décriée. Dans le cas du genespotting, il s’agit littéralement d’intervenir sur-le-champ sur le champ : localiser puis inspecter un site sur lequel on procède à des manipulations génétiques, ou questionner des responsables sur place, sans la sempiternelle médiation des représentants politiques ou scientifiques.
Sur quels types de sites intervenez-vous ?
Les cibles ne manquent pas : une parcelle d’expérimentation de végétaux transgéniques (et s’ils sont voués à la fabrication de médicaments, vous touchez à un alibi crucial de la propagande pro-OGM), un laboratoire de recherche
universitaire (vivier d’innovations technologiques et haut lieu de l’irresponsabilité organisée), le siège d’une firme de biotechnologie, un centre de recherche unissant public et privé (pour montrer leur collusion organique), un organisme de récolte de fonds pour la recherche en génétique (l’occasion de dénoncer les faux espoirs et la spoliation organisée), etc.
Quels types d’action peut on mener à l’occasion d’un genespotting ?
A chacun de voir. On peut débarquer sans crier gare dans un laboratoire, ce qui permet de rencontrer le personnel et les techniciens, au lieu de l’habituel émissaire formaté responsable de la communication. Ou dans une séance d’experts - autres petits soldats de la guerre au vivant - pour les faire sortir brutalement de leur anonymat coupable, tout en constatant l’ahurissant bricolage empirique qui résume l’ingénierie génétique. A l’inverse, on peut rendre
la visite au maximum publique en contactant médias, promoteurs du projet OGM, responsables politiques locaux (le bourgmestre, l’échevin de l’environnement, celui de la santé publique, le commissaire de police), en
distribuant un tract dans les boîtes aux lettres de la Commune, en contactant des associations anti-OGM et les secteurs concernés (des producteurs bio ou même "traditionnels" dont les cultures sont menacées de contamination).
Où en est la règlementation sur les OGM en Belgique ?
Il faut savoir que ce pays vient d’être officiellement libéré de son statut de laboratoire grandeur nature du génie génétique. En effet, après la décision d’abandonner en 2003 tout essai en plein champ prise par le lobby des biotechnologies, la seule demande d’autorisation déposée (une expérience de pommiers transgéniques menée dans le giron de la recherche publique et sur laquelle le CAGE est intervenu à deux reprises) vient d’essuyer un refus ministériel ce 11 avril 2003.
Des anti-OGM invitent les citoyens européens à s’initier au "genespotting" (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8803
Négligences dans les recherches OGM belges (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8554