Le gouvernement Tchèque réfute en bloc les témoignages publiés par Indymedia sur le comportement de la police pendant le sommet du FMI. Selon le centre d’information en ligne, 62 % des personnes interpellées ont été battues.
Pour le Premier ministre tchèque Milos Zeman, tout ça n’est que de la "désinformation". Une déclaration lapidaire en forme de réponse à Indymedia qui a publié une série d’articles sur la brutalité de la police de Prague pendant et après le sommet du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui s’est tenu dans la ville à la fin du mois de septembre. Ça n’avait visiblement pas du tout plu aux autorités tchèques.
Coups et pyjama rayé
Indymedia est un centre d’information indépendant en ligne très impliqué dans la lutte contre la mondialisation. Le 30 septembre, ce site a rendu public le bilan d’entretiens menés auprès de 88 des quelque 850 personnes interpellées au cours des manifestations qui ont eu lieu en marge du sommet. D’après ce compte-rendu, 62 % des personnes interrogées ont été battues par les forces de l’ordre. Quelque 42 % auraient reçu des coups pendant leur détention (qui a duré de 24 heures pour le plus grand nombre à 72 heures dans certains cas). Indymedia affirme que "certaines personnes ont eu la tête fracassée contre les murs par les surveillants, ont reçu des coups de poing au ventre et au visage, ont été frappées à coups de pied alors qu’elles étaient à terre". 51 % des prisonniers interrogés par Indymedia (en majorité des étrangers) se seraient vu refuser l’aide d’un traducteur. 96 % n’auraient pas eu le droit de passer un coup de fil. 21 % n’auraient pas été autorisés à boire de l’eau. 69 % auraient été empêchés de dormir, etc. Le site d’Indymedia France rapporte le témoignage de manifestants français. Les deux hommes racontent qu’au centre de détention réservé aux étrangers où ils ont passé trois jours, les gardiens leur ont fait enfiler des pyjamas rayés, pour ensuite leur inscrire un numéro d’écrou sur le bras, tracé à l’encre bleue...
Ouverture d’une enquête
Gilles Klein, d’Indymedia France, précise que la majorité des entretiens avec les manifestants arrêtés ont été réalisés en prison par des avocats collaborant à l’antenne pragoise d’Indymedia. Les autres ont été récupérés par e-mail. Sans jamais citer nommément Indymedia, le Premier ministre Milos Zeman est intervenu dimanche 15 octobre à la télévision pour accuser "un media international" de mener une campagne de dénigrement contre "la police et le gouvernement tchèque". Le ministre de l’Intérieur, Stanislav Gross, a laissé entendre qu’une enquête était en cours contre cette "agence de presse étrangère", dont Milos Zeman affirme qu’elle a "brouillé les communications de la police" pendant les manifestations. L’américaine Samantha Lyer, l’une des responsables d’Indymedia, dément en bloc ces allégations. "Le gouvernement tchèque cherche à faire passer les militants anti-mondialisation pour des criminels, parce qu’il craint que leur action ne lui nuise", a-t-elle déclaré le 17 octobre à CTK, l’agence de presse tchèque. Le lendemain, Gilles Klein assurait qu’Indymedia pourrait demander dans les prochains jours aux Nations Unies l’ouverture d’une enquête sur l’attitude des forces de l’ordre tchèques au cours du sommet.
Le rapport d’Indymedia Prague:
http://prague.indymedia.org/display...
Le témoignage des deux manifestants français:
http://france.indymedia.org/temoins.php3
Lettre ouverte d’Indymedia à Vaclav Havel:
http://www.france.indymedia.org/dis...
La dépêche de CTK sur le démenti de Samatha Lyer:
http://www.centraleurope.com/czecht...