Cryo Networks, la filiale du développeur de jeux Cryo Interactive, serait au plus mal. Au programme : dégraissage en chaîne et rapprochement avec la maison mère.
C’est l’histoire d’une introduction en bourse ratée. Le 25 septembre 2000, Cryo Networks entre au nouveau marché. La vocation de la société est de développer et de promouvoir le Scol Engine, un logiciel de navigation en trois dimensions, et son programme de programmation, Scol. La première vocation est tournée vers les mondes persistants en ligne, l’autre vers les jeux vidéo. Des titres comme Mankind, ou Venise, jouables uniquement en ligne, reposent uniquement sur cette technologie, qui sert de vitrine à Cryo Networks.
Quelques mois plus tard, c’est la morosité. Malgré une hausse de 37,5 %, le chiffre d’affaires consolidé pour l’année 2000, est inférieur aux objectifs prévus. Résultat : le cours de l’action entame une longue dégringolade. Cotée à 19,5 euros lors de son introduction, l’action flotte aujourd’hui entre 2 et 3 euros.
Direction décimée
Ces turbulences affectent les équipes de l’entreprise. Une épidémie de départs frappe la société : le directeur marketing a été prié de plier bagage, et s’en va ce week-end. Idem pour le responsable de Cryopolis, la communauté d’internautes en ligne qui représente l’application grand public de Scol. Le directeur financier et le directeur d’exploitation auraient, eux, choisi de démissionner. Ces départs pourraient être suivis d’une vague de licenciements. Quant aux rumeurs d’un possible rachat de Cryo Networks par la maison mère, Cryo Interactive, elles vont bon train. "Pas de commentaire, répond-on en substance chez Cryo. Un communiqué de presse sera diffusé d’ici deux semaines." De fait, les rapprochements entre les deux entités ont déjà lieu : le marketing grand public et la distribution des produits de Cryo Networks sont aujourd’hui repassés sous le contrôle de la maison mère.
Côté employés, on ne se montre pas trop pessimiste, et l’on espère que la "restructuration" annoncée permettra de rassurer les actionnaires et de retrouver de l’allant. Après les mauvais chiffres récemment annoncés par Kalisto, Cryo Networks semble donc faire à son tour les frais du jeu en ligne. Qui n’inspire décidément pas les investisseurs.
Droit de réponse
Monsieur,
J’ai pris connaissance de votre article avec stupéfaction. En effet, vous colportez sur notre entreprise des nouvelles qui sont dénuées de tout fondement et n’ont absolument pas été vérifiées auprès de la direction de Cryonetworks.
1. Dans un contexte difficile pour les sociétés Internet, Cryonetworks a décidé de préserver son principal actif dans ces temps tumultueux : sa rentabilité. En effet, depuis 1997 la société a toujours eu un résultat net positif.
2. Les jeux en ligne fonctionnent conformément à notre attente. En effet, en 2000, nous avons réalisé 26 MF de CA sur ce segment comme prévu dans notre business-plan.
3. Compte tenu de l’écroulement des dot.coms, une partie de notre clientèle sur notre segment technologique a disparu. Préférant prévenir que guérir, nous avons ajusté de 20% à la baisse nos perspectives 2001 de CA. Nous ajustons concomitamment nos dépenses car nous souhaitons préserver notre marge.
4. L’équipe de direction de Cryonetworks nous paraissait manquer de cohérence. Nous avons donc pris la décision de nous séparer des directeurs marketing, de l’exploitation et du directeur administratif et financier. Le nouveau directeur administratif et financier prendra ses fonctions le 17 avril, le nouveau directeur de l’exploitation, M.François Brun nous a déjà rejoint. La direction du marketing est réaménagée. Sa partie technologique est rattachée à Emmanuel Morgon, directeur commercial, quant au marketing des jeux en ligne, son équipe est désormais supervisée par Michel Mimran, directeur marketing du groupe.
Les autres allégations faites dans votre article sont fausses. Une seule exception néanmoins, les équipes de Cryonetworks sont effectivement au travail et paraissent apprécier des décisions qui attestent de la capacité de la direction à s’adapter dans un contexte pour le moins fluctuant afin de protéger les intérêts de nos salariés comme de nos actionnaires.
Je vous prie de bien vouloir publier les rectificatifs qui s’imposent et je suis à votre disposition pour toutes précisions complémentaires.
Bien à vous,
NDLR : Jean Martial Lefranc, PDG de Cryo Networks, nous reproche de n’avoir pas vérifié nos informations auprès de la direction de la société. Et pour cause : contactée par téléphone, le 29 mars, celle-ci nous a informé que tous ses responsables se trouvaient en Chine et que personne n’était disponible pour communiquer à ce sujet. Ce qui ne semblait pas être le cas. En outre, M. Lefranc confirme les départs dont Transfert s’est fait l’écho, et précise la réorganisation de Cryo Networks.