Julien Stern, 26 ans, enseigne et étudie la cryptologie. Il est parvenu à « cracker » les algorithmes du SDMI, un système censé empêcher le piratage des fichiers de musique numérique.
Julien Stern est tombé dans l’informatique quand il était petit. Contaminé par cet insidieux virus alors qu’il était encore à l’école primaire, il a écrit son premier programme à l’âge de 11 ans, sur son Commodore 64. Après des études de
mathématiques à l’...cole normale supérieure de Lyon et quelques boulots d’été dans de grands laboratoires américains (il a notamment fréquenté IBM et les fameux Bell Labs), il a entamé un troisième cycle d’informatique. Aujourd’hui, il poursuit sa thèse sur la cryptologie, au Laboratoire de recherche en informatique de l’université d’Orsay. Il y enseigne aussi cette discipline « à mi-chemin entre les maths et l’informatique ». Il y a quelques semaines, ce jeune homme d’un naturel plutôt discret est devenu la coqueluche des médias. Son titre de gloire : avec son ami, Julien Bœuf, il est parvenu à venir à bout de quatre
algorithmes de cryptage mis en place par le SDMI(Secure Digital Music Initiative). Cette « initiative », qui rassemble 180 acteurs des domaines de
l’industrie du disque et de l’informatique dont Warner, Sony, France Télécom ou AOL, est à l’origine d’un concours destiné à vérifier la validité de ses systèmes de protection de fichiers de musique numérique.
Les deux vainqueurs officiels, reconnus par le SDMI, se sont engagés à ne pas divulguer leurs résultats et ont empoché un chèque de 10 000 dollars. De leur côté, des chercheurs de l’université de Princeton, qui ne participaient pas au concours, ont déclaré avoir réussi à cracker les codes du SDMI. Ils hésitent toutefois à publier leurs résultats en ligne, par crainte de poursuites judiciaires. Contrairement aux deux Français, qui ont expliqué pourquoi ils sont parvenus à déjouer les pièges du SDMI sur le site qu’ils ont mis en place. « C’était un challenge
intéressant, explique Julien Stern. On est pas
“pour” ou “contre” le SDMI, on a juste fait ça pour s’amuser. »