Confronté à un marché pas encore mûr, les acteurs de l’achat groupé français se cherchent un avenir. Rachat, rapprochement, reclassement : les prochains mois vont être cruciaux. Panorama des reconversions possibles.
Se rapprocher d’un portail :
Quant on parle d’avenir, le mot "portail" revient presque à chaque fois. Les dirigeants de sites d’achat groupé, incapables de rassembler assez d’internautes acheteurs, espèrent se rapprocher des sites d’audience. Or, les sites les plus consultés actuellement en France sont les portails, type Yahoo ! ou Voilà. Profiter d’une communauté déjà existante constitue une bouée de sauvetage pour l’achat groupé qui n’a pas su créer ses aficionados. Au début de l’année 2000, AOL et Yahoo ! réfléchissaient sur des plans de "group buying" aux ...tats-Unis. En France, Multimania s’est vraiment lancé dans le créneau en février dernier, en acquérant Akabi, l’un des pionniers français. Mais plus rien depuis. Les portails ont été vite refroidis par le peu de réussite de ce mode de consommation. Yahoo ! France n’a rien prévu dans ce domaine et ne l’envisage qu’au sein d’une galerie commerciale. Quant à Nomade, Voilà ou encore AOL, même réponse : "le projet n’est pas dans les cartons." Chez Spray, le message est encore plus clair : "Nous avons été contactés par la majorité des acteurs du marché, mais nous avons refusé toutes les offres. Le concept va décliner", critique Mathieu Merlio. Les rapprochements avec les portails semblent donc plutôt compromis.
Séduire les grandes enseignes :
"L ‘achat groupé n’aura jamais la puissance de feu d’un Carrefour", constatait Jean-Michel Billaut, directeur général de l’atelier de veille technologique de Paribas, en mai dernier. Une vérité que beaucoup de sites d’achat groupé avaient sous-estimé. Les centrales d’achat de ces grandes surfaces peuvent négocier des prix bien plus intéressants que les sites d’achat groupé. D’où la déception des internautes sur les remises tant annoncées et finalement si faibles. Jean Fenech, l’un des fondateurs d’achatengroupe.com, reste cependant optimiste : "Les grandes surfaces vont se mettre à l’achat groupé sur le Net. Et à ce moment-là, elles vont faire appel à nous." Différence de ton du côté d’Alibabuy et son PDG, Guillaume Paillet : "Créer une marque coûte trop cher, nous nous en rendons compte. Dans quelque temps, il restera les Carrefour, mais pas les Letsbuyit." Les grandes surfaces sortiraient donc vainqueurs d’un combat auquel elles n’ont pas participé. Une hypothèse à confirmer.
Se spécialiser dans un secteur :
Les sites d’achat groupé qui y croient encore sont surtout des sites qui ont opté pour des produits bien spécifiques. Folco Chevalier, PDG de lespot.com, reste persuadé de la validité de ce concept, même s’il envisage un repositionnement : "Notre site, spécialisé dans l’électronique branchée, vise un public très spécifique : la génération des 18-35 ans, la génération numérique. Ce type d’achat doit rester une façon ludique d’animation et de promotion des ventes." Sur Winegroupnet, on peut se mettre à plusieurs pour acheter son vin moins cher. "Quand j’ai lancé le site, en mai dernier, il existait déjà de nombreux sites de vente de vin sur le Web. L‘achat groupé a été pour moi une façon de me distinguer", justifie Philippe Langner, son responsable. Pour l’instant, les résultats de ces sites ne sont pas totalement probants. Mais la stratégie de niche semble commencer à payer aux ...tats-Unis.
Viser un marché de professionnels :
Acheter à plusieurs un produit pour bénéficier de meilleurs prix n’est pas une habitude entrée dans les mœurs des consommateurs. Mais les professionnels sont par contre des convertis. Ils pratiquent l’achat groupé à travers des comités d’entreprise, des centrales d’achat ou encore des coopératives. Une culture sur laquelle compte s’appuyer Alexandre Poncet, patron d’Agriclic, premier site français d’achat groupé pour les agriculteurs : "Nous n’avons pas été refroidis par l’échec de l’achat groupé pour le grand public. Au contraire, cela nous a conforté dans l’idée qu’il fallait viser une population déjà "éduquée". Or, nous connaissons bien le monde agricole et savons qu’il fonctionne beaucoup en communauté." Le business risque donc de parler au business.
Vendre sa technologie :
Le rachat de Clust, le 22 octobre dernier, a mis Dealpartners sous les feux des projecteurs. Cette société française, créée en début d’année, s’est très tôt spécialisée dans la vente de plate-forme d’achat groupé sous "marque blanche". En clair, il permet à des sites d’audience de proposer leur boutique d’achat groupé sous leurs couleurs et avec les catégories de produits qu’ils souhaitent, mais avec la technologie de Dealpartners. Tous ces sites rassemblés constituent un réseau, le DealPartners Network (Freesurf, Noos, Sam-Mag ou encore Plurielles en font partie). Et chacun bénéficie de la puissance d’achat des autres. Ce système a pour principal avantage de fédérer un plus grand nombre d’internautes et ainsi d’atteindre la masse critique d’acheteurs tant recherchée. Une voie qui a convaincu l’Américain Mobshop, tout juste installé en France
Fédérer des remises :
L’achat groupé concentre les ventes sur un court laps de temps et sur un seul produit. Les portails de cash-back, tel Ebuyclub, font tout le contraire. Ils négocient des remises sur des centaines de sites à l’année. Par exemple, un membre d’Ebuyclub bénéficient de remises de 3 à 15% toute l’année sur 150 sites. Et en fin d’année, de nouvelles remises sont accordées sous forme de bons d’achat, en fonction des chiffres annuels de vente. "C’est plus puissant que l’achat groupé, car beaucoup moins contraignant", analyse Gilles Nectoux d’Ebuyclub. Le consommateur a peut-être juste besoin de plus de libertés...