Chassé d’Aucland, le site d’enchères qu’il avait créé, Fabrice Grinda cherche
LA nouvelle bonne idée à copier et n’a rien perdu de sa mégalomanie.
« Malgré mon ambition et mon manque de modestie, je peux dire qu’être entrepreneur m’excite toujours autant. Bien davantage que d’être banquier d’affaires et de gagner des millions en m’emmerdant. » Huit mois après avoir été chassé d’Aucland, le site d’enchères qu’il avait créé en 1999, par Bernard Arnault, Fabrice Grinda, 26 ans, n’a rien perdu de son emphase, ni de ses certitudes, même s’il reconnaît volontiers ses erreurs. Aujourd’hui, Grinda s’est fait oublier des médias. « Du reste, confie-t-il, j’aurais peut-être dû me montrer un peu moins, à l’époque d’Aucland. Cela m’aurait au moins épargné un contrôle fiscal... »
Loin des projecteurs, l’ancien consultant de McKinsey passe désormais le plus clair de son temps entre Londres – son lieu de résidence (questions fiscales ?) –, Paris et New-York. Fabrice Grinda est devenu consultant pour… jeunes pousses, dont il rédige les business plans à la chaîne. Peu disert sur ses activités britanniques, il dit préparer les levées de fonds des start-ups françaises Trokers et Millemercis. En attendant son heure. « En fait, je suis en phase de transition. Millemercis, une boîte que j’aime beaucoup, sera profitable mais ne fera jamais un milliard de francs de chiffre d’affaires. Ça n’est donc pas le type de boîte que je pourrais créer. » Fabrice Grinda n’a pas tombé l’habit du mégalo...
Vestige d’un monde flamboyant
Sa méthode n’a pas changé non plus. Obsédé par la création d’entreprise, mais toujours en panne d’imagination, il espère encore dénicher, aux ...tats-Unis, LA bonne idée transposable en Europe, à l’instar d’Aucland, le « copier-coller » d’eBay qui a fait sa réputation en France. À moins qu’il ne vende à l’Oncle Sam un modèle économique made in Europe. « J’ai l’impression qu’aux ...tats-Unis le marché est à prendre », dit-il, esquissant les deux ou trois business plans – un projet bancaire lié à Internet, un autre, lié à la téléphonie mobile – qui lui trottent dans la tête. « Outre-Atlantique, le marché potentiel est considérable et la concurrence quasi-inexistante. Et puis mes amis sont là-bas et je préfère les ...tats-Unis à la France, qui manque singulièrement d’entrepreneurs brillants... »
La France, son terrain de jeu il y a peu, ne le fait visiblement plus rêver. Mais Grinda, lui-même, ne fait peut-être pas rêver la netéconomie française. Des 150 salariés d’Aucland, dont il promettait de faire des millionnaires, il ne reste aujourd’hui que des salariés un peu paumés. Et quand, costume sombre et t-shirt anthracite, le jeune niçois paraît dans les salons pour netentrepreneurs encravatés et investisseurs frigorifiés, il donnerait presque l’image d’un spectre, glissant sur les vestiges ternes d’un monde autrefois flamboyant.
Coup d’œil à sa montre, il est 13 h 10. Attablé dans un café du XVIe arrondissement de Paris, Grinda engloutit sa part de tarte aux pommes. « Il faut que j’y aille : je lève des fonds à 16 heures et je n’ai toujours pas écrit la présentation Power Point. » Grinda égal à lui-même.
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