(Dossier : le web de demain) Fini les barres de défilement ! Avec Vios, l’internaute sillonne un monde en trois dimensions. Une réussite technique... mais pas encore commerciale.
Imaginez un monde en trois dimensions dans lequel vous pouvez vous promener à loisir, rencontrer d’autres internautes, suivre à distance les vagabondages de vos amis, ou bien les accompagner dans la visite d’un site... Le tout sous la forme que vous souhaitez : humanoïde, dauphin, singe, ptérodactyle... La liste n’est pas exhaustive. À droite de votre écran, une carte du monde dans lequel vous évoluez permet de s’orienter. D’un clic, vous pouvez vous rendre du continent « moteurs de recherche » à celui de la santé, de la presse internationale ou des organismes gouvernementaux. Vous survolerez au passage des centaines de liens symbolisés par des immeubles ou des losanges flottant dans l’espace. À moins que vous ne préfériez y aller à pied, en prenant le temps de parcourir des monts aux neiges éternelles ou de plonger au fond de mers. Une fois à destination, il ne reste plus qu’à cliquer sur le site qui vous intéresse : il s’ouvre alors, comme une page normale, dans le navigateur interne. Pour ranger vos signets, pas de problème : il suffit de construire son petit jardin personnel, toujours en 3D, et de l’arranger à sa sauce. Fini le menu déroulant : vous pouvez désormais contempler vos forêts de signets, et y accéder de façon plus ludique.
Cette petite merveille de navigateur internet en trois dimensions existe bel et bien. Elle s’appelle Vios. Son initiateur : Julian Lombardi, un biologiste enseignant dans une université de Caroline du Nord. Fort de ses connaissances sur l’organisation des systèmes biologiques, l’homme a voulu mettre au point un logiciel capable « d’auto-organiser » Internet. La déception est aujourd’hui à la hauteur de ses ambitions : si le résultat technique est une véritable réussite, le versant commercial s’est soldé par un quasi échec.
Survie financière
Après la sortie du programme, en février 2001, la société de 18 personnes a été obligée de licencier. Aujourd’hui, elle ne compte plus que deux salariés : Julian Lombardi, le fondateur, et une directrice marketing. « En 1999, nous avions levé 5,2 millions de dollars pour développer notre logiciel », explique Julian Lombardi. À l’époque, les investisseurs avaient des largesses qu’ils n’ont plus aujourd’hui. Et lorsque le logiciel voit le jour, personne n’accepte de remettre la main à la poche. D’autant plus que la survie financière de Vios dépend largement de la publicité : pour implanter une bannière en 3D dans une zone thématique de Vios, les clients devaient s’acquitter d’un forfait mensuel de 10 à 20 dollars (75 à 150 francs). Or, personne n’investit plus dans des business plans reposant sur des revenus publicitaires. « De plus, déplore Julian Lombardi, lorsque nous présentons notre logiciel à des investisseurs, ils veulent le voir tourner sur leur ordinateur portable. C’est impossible : il faut un accélérateur graphique un peu puissant pour faire tourner Vios. » Du coup, la société tarde à trouver les 10 à 20 millions de dollars nécessaires au marketing et à la distribution du logiciel.
Aujourd’hui, Julian Lombardi s’est recyclé dans la communication : il vend à des institutionnels des ersatz de Vios comme outils d’auto-promotion. N’y figurent que les sites web de leurs partenaires. Son ambition : maintenir la société à flot en attendant de trouver les fonds nécessaires à la relance du programme. La version bêta de Vios, elle, reste en téléchargement sur le site du concepteur (1). « Sans doute étions-nous trop en avance », conclut Julian Lombardi. Rendez-vous dans deux ans ?
attention, téléchargement de 80 Mo...
http://www.vios.com