Une entreprise française propose de marquer les objets avec de l’ADN. Son but : concevoir un moyen efficace de lutter contre le piratage et les contrefaçons.
Paul RoquetteEdgar Pansu |
Comment éviter qu’un flacon de n°5 (de Chanel), vendu 25 dollars à Cracovie et deux fois plus cher à Manhattan, ne fasse l’objet d’un trafic entre la Pologne et les ...tats-Unis ? Comment être sûr que la montre Cartier que vous êtes en train d ?acheter à Bangkok n ?est pas une contrefaçon ? "
En insérant un brin d’ADN de synthèse dans chaque objet", répond la société
Cypher Science. Cette PME française, établie dans l’Oise, a conçu un système de marqueurs ADN, contenus dans des microbilles et fixés sur les produits, qui distinguent à coup sûr les vrais produits des contrefaçons. Ce procédé permet également d ?éviter que les objets de luxe ne se retrouvent bradés sur des marchés parallèles. "
Sur
le même principe, explique Paul Roquette, cofondateur de Cypher Science, le fabricant d’un tissu breveté peut, grâce à notre système, se retourner contre toute personne ayant utilisé un tissu identique ne contenant pas le morceau d’ADN
qu’il a choisi pour marquer sa production.
Boissons certifiées à l
Edgar Pansu |
L’ADN fonctionne en fait comme une clé de cryptage. Combinant quatre éléments chimiques de base, les segments d’ADN peuvent offrir un très grand nombre de combinaisons, que l’on représente schématiquement par une suite de A, de G, de C ou de T. Un peu comme le codage binaire composé d’une suite de 0 et de 1. Les brins d’ADN étant formés de deux segments toujours complémentaires, la méthode du traçage consiste à incorporer l’un des deux segments dans l’objet que l’on veut certifier. C’est le morceau conservé qui servira par la suite à reconnaître son "double" lors d’un éventuel contrôle.
Cypher Science inclut ces informations dans des microbilles. Invisibles, elles sont intégrées dans l’encre des emballages, dans des vernis ou directement dans des liquides. L’entreprise prétend même pouvoir les mélanger à des boissons.
Marquer le fond des pétroliers
Inventée par une société anglaise, la méthode de traçage est brevetée. Cypher Science a imaginé les applications susceptibles d’intéresser les industriels. Non contente de vendre les codes d’ADN, l’entreprise se charge également de superviser les analyses a posteriori, lorsque le client tombe sur un produit qu’il juge suspect.
Rentable ? Difficile à prédire. Avec un chiffre d’affaires d’à peine un million de francs pour 1998, l’entreprise qui n’a que trois ans d’existence (et trois salariés) affirme avoir été, jusqu’à présent, en "période d’expérimentation". Elle prévoit les premiers résultats significatifs pour 2001.
En attendant, Paul Roquette insiste pour vanter des utilisations plus éthiques de son produit. Son système serait capable, selon lui, "de marquer les fonds de cuve des pétroliers". Ce qui pourrait inciter les compagnies pétrolières soucieuses d’afficher leur transparence à marquer la cargaison de leurs bateaux avec de l’ADN. Histoire de prouver que ceux-ci ne procèdent pas au dégazage en haute mer ?