On connaît mal les comédies musicales indiennes en Occident. C’est un tort. Car ces superproductions débordantes de couleurs, de héros musclés et d’héroïnes sucrées, lesquels s’époumonent à longueur de bobines en des roucoulades exotiques, recèlent quelques trésors. C’est dans l’une d’elles, baptisée Junglee, que le vocable "yahoo" aurait été prononcé la première fois, en 1960. Yahoo est plus qu’un mot. C’est un cri de joie, d’enthousiasme, de bonheur, dont notre "youpi" restitue mal la puissante intonation. Le magazine en ligne Upside Today raconte la bien jolie histoire du premier des yahoos. À la fin des années 50, le célèbre réalisateur indien Subodh Mukerji et son fils se sont retrouvés bloqués par une tempête de neige, quelque part dans l’Himalaya. Après plusieurs jours de confinement, la tempête a enfin cessé. Retrouvant la lumière du soleil, Mukerji fils ne put s’empêcher de hurler un "yahoo" de joie. Lequel a inspiré son papa, qui en a fait une chanson, devenue célèbre au sein de la comédie musicale Junglee.

Sans parler de Gulliver... Et l’entreprise Yahoo ! dans tout ça ? Il semblerait bien qu’elle n’ait rien à voir avec le cri primal du fils Mukerji. Fondé en 1994 par les deux étudiants de Stanford, David Filo et Jerry Yang, le moteur de recherche le plus célèbre du Net est un acronyme qui signifie "Yet Another Hierarchical Officious Oracle" ("un oracle hiérarchique précipité de plus"), une blague d’informaticien plutôt obscure et intraduisible en Français. Mais il faut savoir qu’en anglais, "yahoo" signifie en outre "balourd", "rustaud" (on se souvient des Yahoos du quatrième voyage de Gulliver, des créatures dégoûtantes et dégénérées censées représenter le genre humain...). Ce qui révèle un goût assez prononcé pour l’autodérision de la part de Filo et Yang.