Bientôt, les cours du Massachussetts Institute of Technology (MIT) seront mis en ligne et accessibles gratuitement par n’importe qui. Le pari risqué d’une université à la pointe.
Vous imaginez les cours du prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT) disponibles gratuitement en ligne ? Et bien, c’est presque pour demain, rapporte le New York Times. Mercredi 3 avril, la direction de l’établissement l’a annoncé : un plan sur dix ans est lancé. À terme, il devrait rendre accessible la quasi-totalité des 2000 cours annuels, ainsi que des notes de lecture, des simulations, des examens. Bref tout le matériel pédagogique du MIT à la portée du monde entier. Un projet ambitieux qui coûtera quand même à l’université 100 millions de dollars. Et qui pose la question de la viabilité d’un système gratuit.
Le projet, en effet, ne ressemble pas à ceux d’autres universités américaines, qui misent plutôt sur des cours payants en ligne. Et le New York Times cite l’exemple de cet investisseur américain, Michael Saylor, qui a investi 100 millions de dollars pour créer une université gratuite en ligne. Résultat : le flop. Charles Vest, le président du MIT, se défend et précise que sa stratégie est différente. "Pour une fois, ça va marcher", affirme t-il. Autre réticence : les étudiants vont-ils continuer à payer 26 000 dollars (190 000 francs) par an quand ils auront à disposition sur le web tout le matériau de leurs cours ? Oui, affirme encore Charles Vest, "notre valeur essentielle est une valeur humaine, celle des hommes et de leurs expériences de travail avec les étudiants en classe et en labo. Les étudiants apprennent au contact des autres et dans le climat d’émulation que nous créons ici."
Dans le mouvement
Si la plupart des profs soutiennent le projet, certains émettent quelques réserves. Notamment sur la gratuité totale des cours. Pour l’un d’eux, le professeur Lerman, le MIT prend le risque de jeter un capital qui aurait pu être utilisé pour réduire les frais de scolarité des étudiants inscrits. C’est toute la question de la rentabilité ou non du savoir universitaire en ligne. En faisant ce choix risqué, l’institut promeut une certaine idée de l’Internet, mais aussi de l’enseignement. Comme l’explique l’un des professeurs, cette initiative s’inscrit dans le mouvement de l’open source, dans l’idée d’un partage des connaissances. Et d’une remise en cause des pratiques d’enseignement. Sachant que les étudiants auront à disposition tout le matériau des cours, comment les organiser différemment et utiliser au mieux cette nouvelle donnée ? C’est la question à laquelle les profs du MIT vont devoir répondre.