Six pays, dont la France, participent au projet de séquençage du génome humain. Mais, au fait, à quoi ça sert ? ...claircissements sur ce programme de recherches avec Roland Heilig, l’un des scientifiques qui travaillent au Génoscope d’Ivry.
À quoi sert le séquençage du génome humain ?
À identifier les gènes responsables des maladies génétiques. Autrefois, il fallait de nombreuses années pour découvrir de tels gènes. La découverte du gène responsable de la Chorée de Huntington a demandé onze ans ! On espère réduire le délai de ces recherches grâce au séquençage du génome humain. Mais ces travaux présentent aussi un intérêt pour la biologie fondamentale. On va pouvoir commencer à se poser des questions générales sur le fonctionnement d’un être humain. En particulier sur les relations entre les gènes, les protéines et les maladies.
Séquencez-vous le gén-ome d’un seul être humain ou de plusieurs ?
Les six pays qui participent au projet public de séquençage travaillent sur du matériel - qu’on appelle des banques de clones - préparé par des laboratoires américains à partir d’échantillons de sang et de sperme prélevés chez plusieurs individus. À Evry, le matériel que nous utilisons provient d’une femme et d’un homme.
Connaît-on ces individus ?
Non, je sais seulement qu’ils ont donné leur consentement avant de se prêter à ces recherches. On ne connaît pas leur nom, mais je suppose qu’on pourrait les retrouver facilement si on le souhaitait.
Quand le séquençage sera-t-il terminé ?
Nous devons terminer nos travaux en 2003. Aujourd’hui, on connaît déjà 90 % du génome humain. Mais on sait que cette partie était la plus facile à identifier. Les 10 % restant nécessitent un investissement en temps et en moyens considérable. On sait aussi qu’on ne trouvera rien d’essentiel sur les maladies dans les régions qui restent à explorer.
Plusieurs laboratoires, publics et privés, participent au séquençage du génome humain. Pourquoi certaines équipes se révèlent-elles plus rapides que d’autres ?
Les performances de ces équipes ne dépendent pas de la compétence des chercheurs, mais seulement du nombre de séquenceurs, du degré de robotisation et des moyens financiers qui sont mis à leur disposion.
Quel est l’intérêt du projet public par rapport à celui de l’entreprise américaine Celera Genomics ?
Au Genoscope d’Ivry, nous mettons nos résultats à la disposition de tous les chercheurs, gratuitement, sans restriction, contrairement à Celera qui n’offre ses données aux scientifiques que sous certaines conditions. Des chercheurs devront donc verser des droits pour mettre au point des kits de dépistage de maladies à partir des données fournies par cette entreprise.