Gnutella et ses semblables vont-ils prendre la relève de Napster ? On le dit. C’est même devenu un cliché. Le logiciel de partage de fichiers Gnutella est inattaquable, parce qu’à la différence du système Napster, il n’existe pas de serveur central pour rechercher les fichiers stockés sur les ordinateurs des individus. On ne peut donc pas faire fermer Gnutella sur décision de justice.
Pourtant, affirme la société de consulting Webnoize, ce logiciel est encore plus fragile que Napster. En effet, la moindre requête sur Gnutella est dupliquée sur tous les ordinateurs connectés. Si j’envoie The Beatles love me do, soit 83 octets d’informations, sur un réseau de 23 000 clients, ma demande pèsera 3,9 Mo. "Si tous les 23 000 clients cherchaient simultanément, le réseau serait obstrué par 8,9 gigaoctets de données : impressionnant." Forcément, les fournisseurs d’accès vont réagir un jour où l’autre.
D’autant plus que les labels ne vont pas tarder à envoyer leurs propres robots fouineurs sur le réseau, 24h/24, 7j/7, pour détecter les titres échangés en violation du copyright. Ce qui alourdira encore un peu plus un réseau déjà bien chargé. "Les fournisseurs d’accès ont le pouvoir de bouter Gnutella hors de leur réseau. Des équipements de réseau spécialisés, nommés des ’sniffeurs de paquets’, identifient le trafic P to P et restreignent le total de la bande passante qui lui est attribué, ou bien l’évincent complètement." Les FAI ont peur de se faire mal voir ? De toute façon, le Digital Millenium Copyright Act, aux ...tats-Unis, les oblige à assister les titulaires de copyright…
Leçon d’humilité pour les labels
Alex Salkever, dans Business Week, pense quant à lui que Napster a encore un bel avenir, même si c’est plutôt comme outil marketing que comme site de vente. Malgré le filtrage mis en œuvre sur Napster, le logiciel a gardé ses fans. Certes, la plupart d’entre eux ont trouvé le moyen de tricher. Mais l’auteur est persuadé qu’il s’agit d’un signe : les internautes n’attendent qu’un système universel, convivial et ouvert, pour payer leur musique en ligne.
"Maintenant, toute l’industrie musicale embrasse un modèle économique fondé sur l’abonnement." Ce que confirment les récentes annonces des majors, derrière Duet ou MusicNet. Cependant, tout cela manque un peu de concret. C’est pourquoi Alex Salkever propose sa vision. Primo, laisser tomber la priorité Digital Rights Management, car ces systèmes de protection font crasher les ordinateurs, introduisent des rigidités et des incompatibilités informatiques, et empiètent sur les droits des acheteurs (ils ne peuvent plus partager une œuvre dans un cadre éducatif, ou bien simplement revendre les droits qu’ils ont achetés). Secundo, les labels doivent cesser leurs guéguerres, et se regrouper pour proposer leurs titres classés non par label, mais par artiste, genre, etc. Comme il n’y aura pas de place pour toutes les maisons de disques, pourquoi ne pas laisser des marques établies comme Rolling Stones vendre leurs titres en ligne ? Une sorte de leçon d’humilité pour les labels…