1er/05/2001 • 23h59
Lorentz épate les Galeries
archmag14
Fumeur et beau parleur, Francis Lorentz est directeur général de Laser et président de e-Laser, la filiale techno des Galeries Lafayette. Il y suit les tendances du commerce électronique et de l’entreprise en réseau.
En gourou techno, Francis Lorentz est parfait. Aussi large soit la question que vous lui posiez, en une demi-seconde, la réponse est prête. Elle sera argumentée, nourrie de références historiques et surtout servie dans un français exquis. À 59 ans, l’homme a successivement dirigé l’entreprise d’informatique Bull, la RATP et l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe et se tient maintenant à la tête du labo et club de réflexion sur l’interactivité des Galeries Lafayette, e-Laser. Le gourou mince et grisonnant s’accorde un cigarillo : « Internet, c’est la glu, l’enzyme qui finit par faire franchir l’étape décisive à une révolution des systèmes d’information commencée il y a trois décennies. » Il parle sans forcer la voix et la fumée s’effiloche paisiblement dans l’espace de son élégant bureau parisien. Les forces à l’œuvre sont connues : doublement de la capacité des processeurs tous les 18 mois, Big Bang des technologies de communication et enfin découverte de l’effet de réseau (la valeur d’un réseau croît au carré du nombre de ses utilisateurs…). « Mais c’est une révolution qui ne sera pas brutale, comme l’ont cru les boursiers. L’esprit humain n’évolue pas au rythme des microprocesseurs. Aucune révolution ne s’est faite en un an, pas même en 1789. » En privé, Francis Lorentz reconnaît qu’il a été contaminé par l’enthousiasme ambiant, comme tout le monde. Mais il avait des anticorps : « En 20 ans, j’ai pu mesurer la capacité de résistance des organisations aux technologies. » Surtout, le président d’e-Laser est persuadé qu’il faut continuer à encourager l’utilisation d’Internet dans les entreprises. En créant des filiales interactives ou bien en testant de nouveaux logiciels. L’informatique communicante tient en effet une telle place dans l’économie qu’il serait
dangereux de geler les investissements dans ce secteur, comme ce fut le cas dans les années 80. « C’est le risque qui guette la France, un pays profondément conservateur. Nous aimons les innovations lorsqu’elles ne nous remettent pas en
cause... »
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