Un policier zélé voulait fermer madchat.org, le portail francophone de l’underground informatique. Leo, le webmaster, après avoir pris peur, a décidé de résisiter à la censure.
Le petit chat n’est pas mort. Pas encore. À l’été 2001, madchat.org, portail des hackers francophones, a rouvert ses pages, après plusieurs mois d’interruption. Petit rappel des faits. Le 31 janvier dernier, à 3 heures du matin, son webmaster Leo, pseudonyme d’un Français résidant aux ...tats-Unis, reçoit un coup de fil d’un commissaire de police versaillais. Le message est brutal : soit madchat.org ferme immédiatement, soit Leo sera arrêté et inculpé de complicité dans une affaire de piratage informatique à son prochain retour en France. Devant la menace, l’étudiant de 22 ans, doctorant en chiropraxie, cède. Son crime ? Avoir diffusé des « e-zines » ayant permis à quelques script kiddies, ces ados fanfarons qui se prennent pour des hackers confirmés, de pirater des centraux téléphoniques.
Inspecteur Gadget
En quelques années, madchat.org était, il est vrai, devenu une institution. Au milieu des années 90, Leo, 15 ans, crée SiLK, un BBS (Bulletin Board System, ancêtre du Web). Son catalogue de sharewares (logiciels dont l’utilisation est gratuite durant une période d’essai, puis payante) compte un millier de références. L’ado vend ses disquettes 6,90 F l’unité, ce qui permet de régler une facture mensuelle de 2 000 F à France Télécom. Surtout, ses activités le mettent en contact avec d’autres passionnés de H/P/C (Hacking/Phreaking/ Cracking). En 1998, Leo monte son premier site web, prototype de ce qui deviendra un « kiosque à e-zines » de l’underground informatique. De fil en aiguille, le site passe de 100 à 1 000 visiteurs par jour, et devient madchat.org. Un hommage au chat du Dr Gang, le méchant du dessin animé Inspecteur Gadget. L’objet de Madchat n’est pas d’inciter au piratage, mais de recenser tout ce qui s’écrit en matière de hacking, suivant la devise information=pouvoir. Très vite, le portail devient le rendez-vous des hackers, mais aussi de ceux dont le métier est de les surveiller, voire de les interpeller.
Acid jazz
En rouvrant Madchat, Leo a tiré les leçons de ses mésaventures : on n’y trouve plus les e-zines de script kiddies. Mais, avec sa bande d’amis - Tobozo, Wolf, Lucie, Maddany, Ulysse et consorts -, il tente de conserver intact l’esprit qui anime le site depuis ses débuts. Chacun peut mettre en ligne ses propres contributions, Leo faisant office de gentil organisateur. Réticent à dévoiler la moindre information personnelle, le garçon concède juste qu’il consacre une bonne partie de ses nuits au Réseau. Employé au sein du service informatique de son université d’accueil, il est souvent celui qui ferme les bureaux. Au volant de sa voiture, il s’offre alors un petit moment de détente, en écoutant de la trance hardcore ou de l’acid jazz, ses autres passions. Avant de retourner sur le Net, sitôt rentré chez lui...