Trois anthropologues ont observé pendant deux ans les habitudes de vie d’une douzaine de familles installées en Silicon Valley. Conclusion :
C’est pas une vie.
Les regarder marcher, courir même, les observer manger, travailler ou dormir. Observer leurs habitudes, leurs manies et leurs codes. Dès 1991, trois anthropologues se sont installés dans les maisons, dans les bureaux, parfois dans les rues de la célèbre cuve high-tech de la Californie. Ils ont appelé leur entreprise The Silicon Valley Project. Ces trois professeurs de la San Jose State University, Charles Darrah, J. A. English-Lueck et James Freeman, présentent vendredi 17 novembre au meeting annuel de l’association des anthropologues, leurs derniers regards sur cette communauté si particulière.
Pendant près de deux ans, de 1998 à 2000, ils ont posé leurs oreilles au sein de quatorze foyers de la Silicon Valley pour comprendre l’impact de leur travail sur les relations familiales. En préliminaire de l’étude, deux questions : " Comment ces familles sont-elles affectées par l’intrusion du travail dans leur sphère privée ? comment managent-elles ces intrusions ? ". Et un programme au plus près du quotidien de ces familles : pendant 3 mois, 2 à 3 jours par semaine, les cobayes ont été filés dans leurs moindres gestes. Les huit mois suivants, toutes les trois semaines, chaque membre était interrogé par l’un des chercheurs. Soit près de 200 heures de méticuleuses observations.
Le quotidien San Jose Mercury News livre les premières conclusions. Peu étonnantes mais presque effrayantes à lire, couchées sur papier et validées scientifiquement. Une vie dans la vallée des dotcoms est une vie réglée sur le travail. Un espace où " les célibataires veulent vivre des romances à valeur ajoutée " ; où " les parents attendent de leurs enfants un esprit d’entreprise " et où " les pique-niques entre voisins sont des "opportunités de boulot ".
Le temps ? Il en manque toujours. Alors les Silicon Valley members le découpent, organisent de mini-meetings entre les meetings, des discussions rapides avec les enfants juste après le dîner et juste avant de se remettre à travailler. L’un des chercheurs, interrogé par le Mercury News, parle même de technologie perverse : " Au lieu d’aller au zoo, les parents amènent leurs gosses à Fry’s, l’inévitable magasin d’informatique. " Pour ces anthropologues du quotidien, la Silicon Valley n’est pas seulement un lieu de production mais bien un lieu porteur d’un style de vie particulier. Chargé d’excitation, de stress et d’inquiétude pour l’avenir des enfants. " ...prouvant ". Et atteignant parfois des extrêmes. Dans l’une des familles test, une règle a été édictée pour préserver quelques instants de tranquillité : pas d’e-mail pendant le repas...
http://www0.mercurycenter.com/svtech/news/top/docs/anthro111500.htm
http://www0.mercurycenter.com/svtec...