Interview de Jeff Cabili, directeur général pour l’Europe du Sud.
Les opérateurs nationaux, France Télécom en tête, vont lancer, dans les prochains mois, des services de géolocalisation pour téléphone mobile. Ils permettront de savoir où se situe son correspondant, ou de recevoir automatiquement des offres commerciales de magasins du quartier dans lequel on se balade. Le client est, en fait, repéré par le réseau à tout moment, à quelques centaines de mètres près. Vicinity se lance aujourd’hui sur ce marché naissant qui continue de susciter l’appréhension des utilisateurs.
Quelles sont les applications commerciales de la géolocalisation ?
Il suffit de voir ce que font IBM et Heineken aux Pays-Bas. Le client donne son accord au préalable, puis, à chaque fois qu’il est proche d’un endroit où l’on peut boire une bière Heineken, il reçoit un message écrit sur son portable qui l’en avertit.
Pourquoi la géolocalisation n’est-elle pas encore lancée en France ?
Elle l’est déjà pour des applications professionnelles, mais pas encore pour le grand public. Techniquement, c’est possible. Mais les coûts de déploiement ne sont pas négligeables, et le problème de la facturation n’est pas encore réglé. Dans le cas que j’ai cité, par exemple, comment l’opérateur va-t-il faire payer Heineken ? Va-t-il le facturer à chaque message envoyé ? Par temps de connexion ? Par zone couverte ? Dans ce cas, le XVIe arrondissement de Paris sera-t-il plus cher que le XXe ?
Vous travaillez avec les opérateurs ?
En ce moment, nous sommes en pourparlers. Les marchés les plus intéressants concernent la
recherche de restaurants et d’hôtels les plus proches. Ce genre de service pourrait donner un nouveau souffle au Wap, qui, je pense, a de l’avenir jusqu’en 2002-2003.
Les dérives de la géolocalisation inquiètent. Comment les opérateurs vont-ils s’y prendre pour séduire les abonnés ?
Il y aura toujours une volonté de l’individu de protéger sa vie privée, et c’est normal. Le système de la localisation sera déclaratif : on donnera son accord pour recevoir des messages en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Mais il faudra aussi garantir aux clients que ces informations de localisation ne seront pas vendues à d’autres et qu’ils ne seront pas submergés de messages. Je pense que les opérateurs ne maîtrisent pas encore assez le
sujet pour rassurer le consommateur.
Propos recueillis par ...ric Lecluyse