Quand un pays veut restreindre l’accès de ses citoyens à Internet, il lui faut un logiciel de filtrage. Les candidats ne manquent pas et ne sont pas étouffés par les scrupules.
En Arabie Saoudite, le Web a fait son apparition voici trois ans, et compte aujourd’hui un demi-million d’internautes. Mais l’ensemble du trafic passe par un centre de contrôle qui bloque l’accès à certains sites. Le roi Fahd ne tient pas à ce que ses sujets utilisent l’Internet à mauvais escient... La censure gouvernementale s’applique aux sites Internet à caractère pornographique, mais également à ceux qui véhiculent des idées politiques ou religieuses jugées subversives. L’éventail est vaste, depuis les sites coupables de lèse-majesté à ceux qui parlent de la minorité chiite du pays.
Pour l’instant, la société Secure Computing est le fournisseur officiel du royaume avec son logiciel de filtrage SmartFilter, et ce jusqu’en 2003. Elle tente, bien entendu, de faire reconduire son contrat. Mais une dizaine de concurrents sont déjà sur la brèche. Parmi eux, des Américains, des Anglais, des Allemands et des Néerlandais. Pour toutes ces entreprises, un contrat avec l’Arabie Saoudite signifie beaucoup : d’une part plusieurs millions de dollars de chiffre d’affaires, toujours bons à prendre ; d’autre part, une carte de visite pour décrocher des contrats similaires dans d’autres pays, comme le Pakistan et les Emirats Arabes Unis, qui s’y intéresseraient de près. Quid des scrupules que pourraient avoir les distributeurs de logiciels de filtrage, outils de la censure ? "Une fois le produit vendu, nous ne sommes pas responsables de l’usage qui en est fait", se défend un cadre commercial de Secure Computing. L’argent n’a pas d’odeur...