Le potentiel du calcul partagé ne séduit plus seulement les instituts de recherche mais aussi des starts-ups et les grosses entreprises comme Intel ou IBM. Elles misent beaucoup sur son application dans l’e-commerce ou la recherche-développement. Le modèle a-t-il vraiment un avenir commercial ?
Il y a des idées qui sont trop belles pour être vraies. Ainsi celle du calcul partagé : chaque soir, des centaines de milliers de personnes vont se coucher et gagnent de l’argent pendant leur sommeil. Une seule condition : installer un logiciel spécial sur son ordinateur et laisser celui-ci branché sur le Réseau, à disposition d’une entreprise qui en utilise les capacités de calcul.
De plus en plus de start-ups se penchent sur les potentialités commerciales du calcul partagé, rapporte la version online du journal allemand Der Spiegel. À l’origine, l’idée a été mise en œuvre par David Anderson, fondateur du projet SETI@home. Son objectif : faire analyser des signaux radios reçus de l’espace afin de détecter d’éventuels signes d’intelligence extraterrestre. Quinze mois après le lancement du projet, près de deux millions d’ordinateurs privés tournent chaque nuit et ont permis d’apporter au projet SETI l’équivalent de 345 000 ans de calcul. Au regard des 100 millions d’ordinateurs branchés sur le Réseau américain, on imagine la puissance de calcul qui reste à disposition si le calcul partagé se généralise. Les utilisations sont multiples : développement d’animations type Toy Story, simulation du comportement de certains médicaments, tests de sites de e-commerce avant lancement sur le marché, simulation militaires et aéronautiques, etc...
Argument commercial
Le concept s’est vite transformé en marché. Distributed Science, Parabon, United Devices, sont quelques unes des start-ups américaines qui espèrent occuper ce nouveau créneau. Pour l’instant, elles rémunèrent les services des ordinateurs privés par le biais de cadeaux et de participations à des loteries. À terme, une rétribution en monnaie sonnante et trébuchante est prévue. "On peut espérer gagner jusqu’à 500 dollars par an", estime-t-on chez Parabon. Le géant Intel croit également à l’avenir commercial du calcul partagé. Il a ainsi créé un groupe de travail, auquel participe IBM et Hewlett-Packard. Objectif : définir des standards dans l’utilisation commerciale du calcul partagé. Pour Intel, ce nouveau système est une aubaine et peut, en outre, représenter un argument commercial idéal pour convaincre ses clients d’acheter tous les deux ans de nouveaux processeurs toujours plus rapides.
Avant que le rêve devienne vraiment réalité, quelques obstacles subsistent néanmoins. Par exemple, la qestion de la sécurité des données envoyées sur les ordinateurs privés par les entreprises ou encore la capacité de transmission et de réception des ordinateurs privés. Bob Melcalf, fondateur de 3Com, ne croit pas pour sa part à la commercialisation du calcul partagé : "Les entreprises qui ont des projets vraiment sérieux ne feront pas confiance à des résultats obtenus sur des ordinateurs pas toujours fiables et installés chez des étrangers."