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1er/04/2001 • 23h59

Jacques Marescaux, le chirurgien prophète

archmag13
Dans l’institut qu’il a fondé à Strasbourg, les équipes de Jacques Marescaux mettent au point les outils de la médecine de demain et le « bloc idéal ».

Tel un seigneur parcourant ses terres, le pas vif et l’air décidé, Jacques Marescaux quitte, de temps en temps, les locaux sans confort du service de chirurgie digestive qu’il dirige au CHU de Strasbourg. Il rejoint, alors, son second fief : l’IRCAD. Il a créé cet Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif en 1992. Formes futuristes et façades de verre, l’édifice jure avec les vieux bâtiments de l’hôpital. Et c’est encore plus frappant lorsqu’on pénètre à l’intérieur : 4 000 mètres carrés de luxe et de modernité. Destinée à la formation des chirurgiens, la plus grande pièce ne contient pas moins de 17 tables d’opérations. Là, défilent chaque année 1 500 cochons servant de cobayes aux élèves venus se former à l’IRCAD. Au milieu de la salle, trône la star de l’Institut : un robot-chirurgien dernier cri. « Une nouvelle version nous arrive des ...tats-Unis tous les six mois », précise Marescaux, particulièrement fier de sa surprenante machine. Dans une pièce contiguë, un nouveau bloc opératoire est en chantier. « Nous disposerons, à l’intérieur, de ce qui se fait de mieux en matière de robotique et de matériel chirurgical, souligne le professeur. Nous aurons même un système de lavage et de stérilisation automatique de la table d’opération ! Nous allons mettre en place le bloc opératoire idéal. » Il esquisse un sourire : « Et tout ça pour des cochons… »

À 53 ans, l’œil vif et le teint bronzé, Jacques Marescaux semble fier de sa réussite. Son institut de recherche est unique au monde. Pourtant, l’IRCAD n’achète jamais de matériel : à grands coups de belles paroles et de verres de vins d’Alsace, Jacques Marescaux, en excellent VRP, n’a aucun mal à persuader ses « sponsors ». L’EITS, l’Institut européen de téléchirurgie créé au sein de l’Institut, accueille, chaque année, 3 000 chirurgiens du monde entier : une véritable vitrine de promotion pour les fabricants de robotique, de mobilier et de matériel hospitalier qui n’hésitent pas à offrir leurs produits les plus performants à l’Institut. Comme un enfant admirant des jouets neufs, le chirurgien se réjouit à chaque fois qu’il découvre un nouveau logiciel ou un nouveau robot. Pourtant, il l’avoue, il n’entend pas grand-chose à l’informatique. Les algorithmes restent pour lui un mystère. « Je ne fais pas partie de la génération qui a grandi avec les ordinateurs. Mais je me sens incroyablement heureux quand je pense à la façon dont les nouvelles technologies bouleversent et améliorent notre façon de travailler. »

L’ami américain

Malgré un emploi du temps serré, le professeur prend le temps de recevoir ses hôtes. L’œil rivé à sa montre, la main prête à saisir le portable, il n’économise ni ses précieuses minutes ni sa salive, pour évoquer, avec force détails, les débuts périlleux de l’IRCAD. L’intérêt de Marescaux pour les nouvelles technologies date très précisément de 1992. Cette année-là, lors d’un séjour aux ...tats-Unis, il rencontre un colonel américain, ancien chirurgien, directeur scientifique de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency, un organisme dépendant du ministère américain de la Défense chargé de subventionner des projets de recherche). « Ce type-là, un vrai visionnaire, affirmait alors que la chirurgie allait passer de l’ère de l’industrie à l’ère de l’information, se souvient Jacques Marescaux. Il pensait que les nouveaux moyens de communication, la réalité virtuelle et la chirurgie à distance bouleverseraient le métier des chirurgiens. C’était un théoricien. J’ai eu envie de mettre ses idées en pratique. » De retour en France, Marescaux se met aussitôt en quête de financements. Les Français traînent des pieds. C’est un Américain qui lui viendra en aide. Il envoie un fax à Leon Hirsch, une des plus grosses fortunes des ...tats-Unis, alors à la tête de la firme United States Surgical Corporation. « Les membres de la filiale française m’ont prévenu : il ne te répondra même pas, il ne nous accorde que cinq minutes tous les deux ans ! » Pourtant, le riche industriel contacte le chirurgien de Strasbourg. Le projet lui semble intéressant. Il lui envoie six billets de Concorde pour lui et ses collaborateurs. À Kennedy Airport, une limousine emmène l’équipe française vers deux hélicoptères, qui le conduisent chez Hirsh. « Cette journée reste gravée dans ma mémoire. C’était un rêve de gamin ! » Lorsque les Français arrivent chez le PDG américain, celui-ci est entouré de toute son équipe de direction. Le chirurgien expose son projet dans un anglais hésitant. « Je me trompais dans mes réponses, mais il a quand même compris. On a bien rigolé, jusqu’au moment où il m’a demandé : combien voulez-vous ? On m’avait pourtant certifié qu’on ne parlerait pas d’argent. » Les Français se regardent, hésitent, et Jacques Marescaux lance timidement : « One million and a half dollars ». L’Américain donne son accord. Plus tard, après une partie de pêche à Strasbourg et des vacances en famille chez les Hirsch, aux ...tats-Unis, Leon expliquera à Jacques Marescaux qu’il avait bien ri ce jour-là, devant « ce Français qui n’avait aucune notion d’argent ».

French touch

Une fois les fonds récoltés, grâce aux efforts conjugués de l’entreprise américaine et des collectivités locales, le chirurgien peut bâtir son royaume. Un centre de recherches dédié à ses deux passions : la médecine et les nouvelles technologies. Le pôle « nouvelles technologies » de l’IRCAD mobilise environ 70 personnes, pour la plupart informaticiens. L’un des axes de travail s’appuie sur un outil connu, la vidéoconférence. Cette technique sert notamment de support aux cours dispensés par l’EITS (l’Institut européen de téléchirurgie). Marescaux insiste sur l’importance des comparaisons entre pays : « La chirurgie varie beaucoup d’un pays à l’autre. Les interventions américaines ne sont pas toujours très propres, on le constate dans les films, c’est de la manipulation de bidoche ! Mais cette chirurgie se montre très efficace. Chez nous, les opérations sont nettes, impeccables. Elles possèdent un côté artistique ; c’est la french touch ! »

La formation des chirurgiens est également assurée par WebSurg, un site internet destiné aux professionnels. Développé au sein de l’IRCAD, ce portail, accessible uniquement sur abonnement, se présente comme une véritable encyclopédie chirurgicale. Comprenant très peu de textes, mais beaucoup d’animations et de vidéos régulièrement mises à jour, WebSurg utilise « les techniques les plus performantes du multimédia », selon Jacques Marescaux, particulièrement fier de sa dernière réalisation. « Et puis, ça m’a donné l’occasion d’apprivoiser mon ordinateur », ajoute-t-il en souriant.

Tumeurs en 3D

À l’IRCAD, une équipe d’ingénieurs conçoit aussi des logiciels capables de recomposer, à partir d’images provenant de scanners ou d’IRM, les organes, les os, la peau, les vaisseaux… et les tumeurs des malades, en trois dimensions. Détectables à partir d’un centimètre sur une radio traditionnelle, les tumeurs sont visibles à partir de 3 millimètres sur une image en 3D. Jacques Marescaux, qui ne maîtrise pas toutes les étapes du développement de ces outils, semble toutefois fasciné par les prouesses des informaticiens. Le professeur, qui manie aussi bien l’art de la chirurgie que celui de la taquinerie, promène régulièrement sa bonne humeur dans leurs bureaux. Et se moque gentiment d’eux lorsqu’une image ne s’affiche pas immédiatement sur un écran. « Vous voyez bien, ça ne fonctionne pas, ils racontent n’importe quoi », raille-t-il. Mais deux minutes après, lorsqu’il évoque les formidables exploits de ces logiciels, son ton se fait plus grave et ses yeux pétillent à nouveau. Ces représentations numériques participent, en effet, à « la révolution de la médecine ». Car elles permettent aux chirurgiens ou aux anesthésistes de pratiquer une intervention virtuelle de l’organe sur ordinateur, avant l’opération. « Moins les praticiens sont surpris le jour de l’intervention, meilleur est le résultat, explique Jacques Marescaux. Dans cinq ou dix ans, je suis persuadé qu’il sera interdit d’effectuer un geste chirurgical qui n’aura pas été simulé de façon virtuelle, puis validé par un expert. On offrira ainsi un maximum de sécurité au malade. »

Cochon cobaye et robot-chirurgien

À plus long terme, ces travaux devraient aussi provoquer des changements dans un des domaines de prédilection de Marescaux : la téléchirurgie, c’est-à-dire les opérations assistées par ordinateur et robotisées. Le professeur possède les robots-chirurgiens les plus perfectionnés au monde. Ces machines sont dotées de trois bras : les deux premiers tiennent les instruments qui opèrent le malade, le troisième manipule une caméra. Situé à quelques mètres du patient, le chirurgien tient, lui aussi, deux instruments dans ses mains : mais les siens sont virtuels. Si le praticien déplace son « faux » bistouri d’un centimètre, le robot auquel il est relié effectue le même geste, mais sur une distance d’un millimètre. Particularité de la caméra : elle obéit à la voix. Un véritable jouet pour Jacques Marescaux. Confortablement installé dans le fauteuil relié au robot, casque sur la tête, il ordonne : « Move left ». Aussitôt, la caméra se déplace vers la gauche. Moins fatigué que s’il se tenait debout, le chirurgien peut ainsi effectuer des gestes extrêmement précis. Mais, selon Marescaux, l’intérêt de ce système hyper sophistiqué est beaucoup plus large. « Ce robot, dont le prix dépasse un million de dollars, n’a pas été construit pour atténuer le tremblement d’un chirurgien fatigué : ce serait grotesque ! » La machine pourrait plutôt être programmée pour effectuer quelques tâches simples, des gestes « semi-automatisés », comme des sutures par exemple. À beaucoup plus long terme, Marescaux rêve d’une opération entièrement automatisée, menée par un robot qui travaillerait sur la base d’une simulation virtuelle, réalisée par les chirurgiens, avant l’opération. Pendant l’intervention, les images en 3D devraient se juxtaposer sur celles de la caméra. Les équipes de l’IRCAD œuvrent pour améliorer cette technique, notamment en chirurgie ouverte, où la tâche est compliquée par l’incessant mouvement d’organes, comme le cœur ou le foie. « Une fois ce système au point, précise le chirurgien, nous pourrons superviser le déroulement de l’intervention sur un écran, ou sur les verres-écrans de lunettes spéciales. » Marescaux attend avec impatience le moment où il pourra réellement pratiquer des opérations à 50, 100, ou 5 000 kilomètres du patient. Avec l’aide de France Télécom, Jacques Marescaux et ses équipes ont déjà fait transiter, par Paris, les données d’une l’opération réalisée, à Strasbourg, sur un cochon-cobaye, par un robot-chirurgien. Cette première expérience devrait donner lieu à d’autres opérations d’envergure, réalisées à des distances plus grandes entre l’opéré et le praticien. Du côté des médecins, le système est au point. Mais du côté des responsables de la transmission des données, il reste encore des problèmes à régler. Des détails, pour Jacques Marescaux, éternel positiviste : « De toute façon, les techniciens parviennent toujours à trouver des solutions. »

 
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