Richard Lalande, directeur adjoint de Cegetel et président de l’Association des opérateurs privés de télécommunications (AFOPT) se plaint du retard pris dans le dégroupage, promis le 1er janvier 2001, qui plombe les offres d’Internet haut débit par ADSL.
Fin mars, l’AFOPT demandait à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) de sanctionner France Télécom. Pensez-vous que l’ART ne s’impose pas assez par rapport à l’opérateur historique ?
France Télécom ne respecte actuellement ni la loi, ni les décisions de l’ART, ni la réglementation européenne, ni celle du Conseil de la concurrence. L’ART, elle, agit dans le cadre d’une réglementation. Et c’est la première fois que cette instance est confrontée d’une
manière aussi violente à la non-réalisation d’une opération. Aujourd’hui, le règlement communautaire lui donne des pouvoirs plus étendus. Le problème, c’est qu’elle est en train de les expérimenter. Nous espérons qu’elle les utilisera le plus rapidement possible. C’est un nouveau défi pour elle.
Sur le dégroupage, les responsables de France Télécom répondent qu’il ne fallait tout de même pas s’attendre à ce qu’ils subventionnent la concurrence.
Nous n’avons absolument pas l’impression d’être subventionnés ! Nous avons toujours dit qu’il était normal que France Télécom soit rémunérée pour l’amortissement du réseau qu’elle nous mettrait à disposition. Mais, ceci, dans le cadre d’un règlement et d’une concurrence saine et loyale. Or, aujourd’hui, l’opérateur historique utilise sa position pour écrabouiller la concurrence. Ce n’est pas l’attitude d’une entreprise privée mature, mais celle d’un ancien monopole.
Aujourd’hui, chaque minute de surf – quel que soit le fournisseur d’accès – fait tomber quelques centimes dans les caisses de France Télécom. N’est-il pas logique que l’opérateur historique se cramponne à cette manne financière ?
C’est humain, mais pas normal. Et France Télécom n’est pas un exemple isolé. Le dégroupage encontre des difficultés un peu partout en Europe. Ce n’est pas une raison pour ne pas se plaindre en France. Ce qu’elle a perdu dans le domaine de la téléphonie, France Télécom essaie de le retrouver sur un marché stratégique, celui de l’Internet haut débit. Nous refusons d’être la vache à lait de l’ancien monopole.
Propos recueillis par Karen Bastien