Alors que la loi de bioéthique sera présentée en mars en Conseil des ministres, les chercheurs s’interrogent encore sur les conséquences du clonage humain. Claudine Junien, professeur de génétique à l’hôpital Necker à Paris, fait le point.
Le clonage humain, c’est pour demain ?
Non, en aucun cas. La brebis Dolly a été clonée après 400 essais infructueux et les connaissances actuelles ne permettent pas de cloner un être humain, ni même de lui réimplanter des organes après les avoir créés à partir de ses propres cellules.
Les chercheurs qui clonent des animaux maîtrisent-ils tous les paramètres de ces expériences ?
Non. Il y a notamment tout un aspect du clonage qui est occulté : il s’agit des modifications épigénétiques. Ces modifications interviennent pendant le développement de l’embryon. Pendant cette étape, les cellules prolifèrent. Elles reproduisent, en accéléré, l’ensemble des séquences qui marquent l’évolution morphologique vécue par l’espèce. Ces modifications ne sont pas nécessaires pour assurer les fonctions vitales, mais elles permettent, par exemple, à une cellule musculaire de se doter de protéines capables d’assurer la contraction d’un muscle. Or, on ne sait pas reprogrammer une cellule adulte. C’est peut-être la raison pour laquelle les veaux clonés présentent certaines anomalies qu’on ne sait pas expliquer.
Dolly semble pourtant en pleine forme...
Oui, mais rien ne prouve qu’elle n’est pas un peu « dérangée » sur le plan neurologique ou psychologique, ni que cette technique, transposée à l’homme, avec une durée de vie beaucoup plus longue, ne sera pas responsable de cancers ou d’autres pathologies.
Propos recueillis par Anne Lindivat