Le RATP réclame la gratuité des transports publics pour la 3ème année consécutive
Pour la troisième année consécutive, le Réseau pour l’abolition des transports payants (RATP) réclame la gratuité des transports en commun, le droit à la mobilité pour tous et le respect de l’environnement.
Ce collectif se mobilise, à partir de ce mardi 16 septembre et jusqu’au 22 septembre 2003, à l’occasion d’une manifestation européenne "officielle", transposée en France et intitulée : "Semaine européenne de la mobilité et du transport public".
Débats, manifestations et actions collectives et festives sont inscrits au menu de cette semaine de revendications.
Côté manifestation officielle, l’ambiance est plutôt morose. Relayée en France par le ministère de l’Écologie et celui de l’Équipement et des Transports, la "Semaine européenne de la mobilité et du transport public", n’est cette année suivie que dans 112 communes, contre 250 en 2002.
Point d’orgue de cette mobilisation citoyenne, la journée "En ville, sans ma voiture !", prévue le 22 septembre 2003, rencontrera elle aussi moins de succès que l’année dernière : 72 villes participeront, contre 96 en 2002.
En tout, seulement 32 communes organiseront les deux événements. Une faible mobilisation qui s’explique, selon le RATP, par une absence de volonté politique pour développer les transports publics.
Mobilisation pour la mobilité
Fort du succès rencontré en 2002, avec 500 participants tout au long de sa semaine d’actions et de débats, le RATP récidive donc cette année. Et en profite pour élargir sa réflexion. La "Semaine des transports gratuits" devient la "Semaine de libre et égal accès à la mobilité".
Le droit à la mobilité pour tous reste le principal thème de cette semaine d’action. Un droit inscrit dans la loi d’orientation de 1975 en faveur des personnes handicapées et dans la loi d’orientation des transports intérieurs de 1982. "Les services publics de transport doivent prendre en charge la mobilité de toutes et de tous, au même titre que la santé ou l’école, affirme Gildas, l’un des membres du RATP. Et cela passe notamment par la gratuité des transports collectifs, seul garant du libre accès."
Jugeant que les plus démunis (RMIstes, chômeurs, étudiants, sans-papiers, personnes âgées...) ont une mobilité bridée par rapport à celle des salariés - qui se voient rembourser par leur employeur jusqu’à 50 % de leur titre de transport -, le RATP organise, le samedi 20 septembre à 14 h au métro Châtelet, une grande action "Portes ouvertes" avec distribution de tickets de "transports gratuits", installation de panneaux d’affichage et lieux de discussion.
"Cessons d’opposer la gratuité des transports à une quelconque rationalité économique, reprend le militant du RATP. Le ticket rapporte presque autant que ce qu’il coûte en termes d’infrastructure (portiques et tourniquets, portes à air comprimé, distributeurs automatiques), et de fonctionnement (impression des tickets, publicité, contrôles)." En 2002, la vente de tickets représentait 33 % du financement global des transports collectifs, soit 2,31 milliards d’euros. "Mais la gratuité entraînerait un surcroît de fréquentation des transports collectifs, poursuit Gildas, le militant du RATP, ce qui signifie moins d’accidents et de morts sur la route, moins d’aménagements autoroutiers et d’investissements de voirie, moins de pollution atmosphérique, moins de maladies respiratoires..."
Souriez, vous passez sur RATP-TV
Si d’autres actions sont prévues pour réclamer l’accès gratuit dans les transports en commun (le dimanche 21 septembre, une manifestation est organisée pour demander des trottoirs payants à la place des transports gratuits), le RATP souhaite aussi attirer l’attention des usagers sur d’autres problèmes, tels que le développement de la vidéosurveillance dans le métro, par exemple. Ainsi, les manifestants sont invités à se rendre, le mercredi 17 septembre, dans les couloirs du métro Châtelet habillés en vert ou en blanc pour dénoncer "le laboratoire sécuritaire de la RATP".
Autre préoccupation du collectif : le respect de l’environnement. Le mardi 16 septembre, un débat est organisé autour de la question "Peut-on concilier le libre accès à la mobilité et l’écologie ?"
Le lundi 22, date de la journée "En ville, sans ma voiture !", le comité Vélorution proposera sa réponse. Cyclistes, piétons et rollers se mobiliseront place du Châtelet pour former un embouteillage, réclamer le développement des transports écologiques et réaffirmer la volonté des utilisateurs des moyens de transport "verts" de se réapproprier l’espace public. Une mobilisation qui s’inspire du mouvement Critical Mass (masse critique), né aux Etats-Unis dès le début des années 1990, notamment dans les rues de San Francisco.
Déplacements sous contrôle
Pour clore sa semaine d’action, le RATP, dont la sphère d’intérêt ne se limite pas à Paris et à la RATP, organise un débat sur les "déplacements sous contrôle".
Entre autres intervenants, Isabelle Saint-Saëns, du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), évoquera la question des sans-papiers et de leur mobilité forcée au niveau international.
Autre thème évoqué dans ce débat : les contrôles autorisés par les nouvelles lois sur la sécurité routière. "La législation mise en place ces dernières années témoigne d’une volonté délibérée d’augmenter le pouvoir de contrôle des forces de l’ordre", affirme Clément Schouler, vice-président du Syndicat de la magistrature et auteur de Vos papiers ! Que faire face à la police ? (éd. L’Esprit frappeur). Il évoque notamment le dispositif autorisant les fouilles de véhicules. Mis en place suite aux événements du 11 septembre par le gouvernement Jospin le 15 novembre 2001, ce dispositif devait disparaître le 31 décembre 2003. Il vient d’être prolongé par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, jusqu’à fin 2005. "Il y a fort à parier que ce dispositif ne disparaîtra jamais. Il n’a aujourd’hui plus rien à voir avec une politique visant des individus soupçonnés de mener des activités terroristes, explique Clément Schouler. C’est désormais une mesure d’ordre public, qui met chaque citoyen sous contrôle et contrevient au droit à la mobilité."
Une semaine militante qui s’annonce riche et qui sera sans doute plus médiatisée que la semaine officielle organisée par le gouvernement. Mais le RATP tient à rappeller que ses actions ne s’arrêteront pas le 22 septembre : tout au long de l’année, des assemblées d’usagers(ères), des débats ainsi que des actions portes ouvertes dans le métro sont organisées.