Querelles au sein des écoles de journalisme américaines : les futurs journalistes du Net privilégieront-ils la forme sur le fond ? Enquête de Wired.
Que doit-on apprendre aux futurs journalistes du Net ? À maîtriser les outils techniques du multimédia ou bien à écrire un article digne de ce nom ? C’est cette question qui soulève aujourd’hui une controverse aux ...tats-Unis. Car de nombreuses écoles de journalisme se sont précipitées pour offrir aux étudiants de nouvelles compétences techniques, aux dépens, selon certains, des enseignements traditionnels. Pour Paul Grabowicz, de l’école de journalisme de Berkeley, "les écoles sont en train de former des étudiants techniquement au point, mais qui ne connaissent finalement rien au journalisme". Un enseignant de l’école de journalisme de l’université de l’Illinois abonde dans ce sens : "Les écoles ne doivent pas enseigner la manière dont il faut présenter les choses, mais le journalisme." Privilégier le fond plutôt que la forme n’est cependant pas une évidence pour tous. "Si tu ne sais pas aujourd’hui comment présenter l’information, tu n’as pas ta place sur le marché, confie George Rodrick, du Poynter Institute for Media Studies à Wired, il faut attirer l’attention."
Sacrifier les classiques ?
Et de plus en plus d’étudiants se rallient à cette opinion. Pour obtenir une visibilité sur le Net, ils sont désormais prêts à "sacrifier" quelques enseignements classiques au profit de l’apprentissage des techniques multimédias. Savoir incorporer du son ou de la vidéo sur le Net devient ainsi l’une des préoccupations majeures du futur journaliste. Mais au fait, s’agit-il toujours de journalisme ? Les articles sur Internet sont-ils réellement différents des articles papiers ? La presse en ligne se spécialisera-t-elle de manière si radicale que seuls les hommes d’affaires pourront lire la rubrique "business" et les fans de sports, les pages "sport" ? Les universités américaines se penchent aujourd’hui sur ces questions. Car enseigner le journalisme de demain ne semble pas chose aisée. "Nous ne savons pas encore exactement ce nous devons apprendre aux étudiants", déclare une enseignante. Rassurant, non ?