Elle s’appelle Diki, pour Digital Kids. Elle a de grands yeux marrons, des cheveux courts, une silhouette élancée. Elle rappelle curieusement les héroïnes des dessins animés japonais, et il n’y a rien d’étonnant à cela : c’est une chanteuse virtuelle. Seule sa voix est réelle, mais, stratégie marketing oblige, la jeune femme qui prête son timbre à Diki restera une inconnue.
Elle
est la version coréenne de la première cyberchanteuse
créée dans le monde : Date’s Kyoko imaginée par
la société japonaise Hori Pro Incorporated en 1996.
Son album est disponible chez les disquaires de Séoul et son
site est visible en coréen et en anglais sur Internet.
On peut y dialoguer avec Diki, connaître ses préférences
en matière de petits déjeuners, de loisirs et de garçons
bien sûr. On peut écouter ses chansons, s’inscrire à
son fan club et essayer de deviner qui se cache réellement
derrière sa voix claire. Mais ce n’est pas tout. Les Coréens
pourront bientôt la voir en vrai à la télé
à l’occasion d’une grande tournée de promotion ! Le
secret de son identité va donc être levé ? Pas
question ! La jeune femme qui incarnera Diki n’est pas la vraie. Elle
ressemble à la créature virtuelle et parle coréen
avec un soupçon d’accent japonais, tellement charmant. .
Ce
qui pouvait, au départ, sembler à un agent artistique
un gage de facilité une chanteuse virtuelle n’a pas
besoin de repos, ne souffre pas de rhume ou de mauvaise humeur ,
se cache en fait un vrai casse-tête. Une vraie chanteuse qu’il
faut cacher, une fausse chanteuse qui fera éventuellement des
caprices et une chanteuse virtuelle dont il faut inventer la vie et
les opinions. Mais son papa en marketing ne s’en plaint pas. Lee Young-muk,
le patron d’Indecom, une société de production coréenne,
est plutôt satisfait de l’accueil qu’a reçu sa petite
protégée. 15 000 visiteurs sont venus sur le site et
200 se sont inscrits au fan club après la première semaine
de mise en vente de l’album. Un succès que Lee Young-muk teinte
de symbolisme quand il explique que "Between", l’album de Diki, se
veut porteur d’un double sens, celui des deux mondes, virtuel et réel,
entre lesquels navigue la cyberchanteuse et celui des deux cultures
japonaise et coréenne qui commencent juste à renouer
après l’embargo de plus de 50 ans qui a suivi la fin de la
colonisation japonaise.
La culture japonaise se faufile en Corée par le Web. Les Coréens
qui ont plutôt bien accueilli cette petite sur (les oreilles
en moins) de la Zelda de Nintendo, sont-ils prêt pour l’invasion
des jeux et des dessins animés ? A suivre.