Les plages cubaines et La Havane inondées de touristes américains, c’est pour bientôt... Des journalistes pro-castristes défendant l’image de Cuba à l’étranger via le Net, c’est pour maintenant... Enquête de Wired sur le site Jiribella.
Aux ...tats-Unis, la Chambre des représentants vient de voter la levée de l’embargo américain sur Cuba. Pendant ce temps, à Cuba, le site Jiribilla, réalisé par un groupe de journalistes cubains, s’adresse aux exilés du régime. Wired s’est penché sur ce site pro castriste qui dit porter un regard objectif sur la culture cubaine et lutter contre les stéréotypes.
Propagande castriste sur le Net
Jiribilla n’est pas un site comme les autres : il est réalisé par des cubains résidant à Cuba. Chose plutôt rare lorsque l’on sait que Cuba fait partie des 20 ennemis de l’Internet dénoncé dans le rapport RSF/Transfert. Son originalité : il s’adresse aux Cubains qui ont fui un régime que les exilés ont été les premiers à combattre via le Net. Travaillant depuis les ...tats-Unis, où l’accès à Internet est beaucoup moins cher et surtout plus facile, ils ont écrit un arsenal d’articles critiquant le régime castriste. Quant au gouvernement cubain, il a mis plus de temps à réagir face aux nouvelles technologies. Sa priorité aujourd’hui : utiliser le Web pour défendre le régime.
Pour Rosa Miriam Elizade, la rédactrice en chef de Jiribilla, Internet doit en effet permettre "d’avoir un regard objectif sur ce qui constitue réellement la culture cubaine, un regard qui est souvent manipulé en dehors de l’île". "Nous voulons désarmer ceux qui mènent des campagnes contre nous. Pas avec la haine, comme nos ennemis, mais en restant fidèle à la vérité, en revenant à un sens de l’humour très riche et très cubain", précise-t-elle à Wired.
La culture, une arme idéologique
Sur le site, on trouve une rubrique intitulée "The Zoo". Objectif : faire la critique de grandes figures littéraires et intellectuelles comme Guillermo Cabrera Infante, Zoe Valdès ou Carlos Alberto, des cubains exilés. Certains extraits de leurs œuvres y sont publiés et disséqués. Pour Belkis Cuza Male, un écrivain ayant fui le régime castriste, les créateurs du site "cherchent une manière d’attaquer la culture des exilés cubains, car pour les communistes, la culture est une arme idéologique". Ce que Rosa Miriam Elizade conteste : "Jiribilla permet de promouvoir la culture cubaine en respectant ceux qui y contribuent, qu’ils soient à Cuba ou exilés." Arme idéologique de propagande ou fenêtre sur la culture cubaine, ce site n’est de toute façon pas destiné aux résidants cubains eux-mêmes. Un journaliste indépendant de La Havane, Angel Pablo Polanco, contacté par Wired, ne savait pas que Jiribilla existait. "À Cuba, nous n’avons pas accès à Internet. Encore moins si vous appartenez à l’opposition", a-t-il déclaré.